Tout le monde rêve, même ceux qui ne s'en souviennent pas

Sommeil, dormir, sieste, repos, rêve
© ROBERT FRANCOIS / AFP
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Mélanie Gomez avec CB
Selon une étude de l'Inserm, les personnes qui pensent ne jamais rêver ont en réalité un problème d'encodage du souvenir.

Ne pas se souvenir de ses rêves au petit matin signifie-t-il que l'on ne rêve pas du tout ? Des chercheurs de l'Inserm et du centre du sommeil de l'hôpital de la Pitié Salpêtrière viennent de répondre à cette question qui taraude de nombreux scientifiques. Résultat de leur rapport : tout le monde rêve, sans exception. L'étude, qui vient d'être publiée dans la revue Journal of sleep research, porte sur plus de 300 personnes.

"Je ne me souviens d'aucun rêve". Ces conclusions devraient rassurer de nombreux non-rêveurs qui s'interrogeaient. Et ils sont nombreux. Selon les spécialistes du sommeil, environ 20% de la population affirme ne se souvenir que rarement de ses rêves le matin. Ces personnes, qui n'ont presque aucun souvenir nocturne, pensent souvent qu'elles ne rêvent pas du tout.

"En ce moment je ne rêve pas trop, peut-être parce que je suis plutôt serein", commente un jeune homme. "Je dois rêver, mais je ne sais pas de quoi", ajoute une autre. Et au dernier de conclure : "Je ne me souviens d'aucun rêve, jamais. Il paraît que c'est nécessaire pour le cerveau donc tant pis".

Un problème d'encodage du souvenir. En réalité, ces soi-disant "non rêveurs" sont beaucoup moins nombreux qu'on le pense. Il a fallu dix ans à cette équipe de l'Inserm pour trouver huit de ces perles rares. Huit patients qui font partie du 1% de la population qui dit ne jamais avoir rêvé de sa vie. Des médecins les ont ensuite enregistrés dans leur sommeil. Sur un son dont Europe 1 a eu une copie, on entend clairement un des patients, âgé d'une soixantaine d'années, grommeler dans son sommeil. Le comportement onirique du sexagénaire montre bien qu'il rêve.

Le problème est uniquement qu'il ne s'en rappelle pas. Pour comprendre pourquoi, ces chercheurs ont fait de nouveaux tests. Résultat : ces "non rêveurs" ont le même niveau de mémoire que les autres et n'ont pas de troubles cognitifs. Ils ont simplement un problème d'encodage du souvenir, c'est à dire qu'au moment de la sortie du sommeil paradoxal, en général au petit matin, leur rêve ne s'imprime pas dans leur mémoire.