Terrains synthétiques et santé : risques "peu préoccupants" avec des "incertitudes"

terrain de foot, pelouse crédit : GLYN KIRK / AFP - 1280
Les granulats de caoutchouc ne seraient pas dangereux pour la santé, selon l'Anses © GLYN KIRK / AFP
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avec AFP
À la suite de l'étude d'une cinquantaine de rapports portants sur les terrains synthétiques, l'Anses a déclaré dans une note publiée mardi qu'il n'existe pas de "risques préoccupants pour la santé", notant néanmoins l'existence de "risques potentiels" pour l'environnement.

Les terrains de sport synthétiques à base de granulés de pneus recyclés présentent un risque "peu préoccupant" pour la santé, selon l'Anses qui note toutefois des "incertitudes" pour les lieux fermés et les aires de jeu pour enfants.

Des "risques potentiels" pour l'environnement. La note de l'agence sanitaire publiée mardi, qui évoque par ailleurs des "risques potentiels" pour l'environnement - liés au transfert de certaines substances chimiques via les sols et les systèmes de drainage des eaux -, passe en revue une cinquantaine d'études et expertises réalisées dans le monde sur les terrains de sports et aires de jeux construits à partir de matériaux issus du recyclage de pneus usagés..

Pas de "risques préoccupants pour la santé". "Les expertises scientifiques ne mettent pas en évidence de risques préoccupants pour la santé, en particulier de risque à long terme cancérogène, leucémie ou lymphome", explique Gérard Lasfargues, directeur général délégué de l'Anses. "Quand on suit les populations qui pratiquent sur ces terrains, et qu'on compare à la population générale, on ne voit pas d'excès de risque ou d'augmentation", poursuit-il, notant malgré tout que l'agence soutient une proposition en discussion au niveau européen pour limiter la teneur des granulés en HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques), substances cancérogènes.

Une alerte lancée par une entraîneuse américaine. Des études épidémiologiques avaient été lancées notamment après l'alerte lancée il y a quelques années par Amy Griffin, entraîneuse de foot dans des universités américaines, qui décrivait une augmentation de cancers chez des étudiants jouant sur terrains synthétiques. ONG et médias ont ensuite largement relayé ces inquiétudes, s'interrogeant sur l'innocuité de milliers de terrains fréquentés notamment par des enfants.

Plus de risques pour les terrains fermés. La note de l'Anses appelle à mieux évaluer l'exposition sur les terrains indoor, où "les composés organiques volatils émis par les granulats de caoutchouc (...) peuvent provoquer des irritations oculaires et respiratoires". Le "risque thermique" et de déshydratation des sportifs doit également "être considéré", la température y augmentant plus vite. 

Des colles et résines encore à étudier. Quant aux aires de jeux pour enfants, "la question est un peu différente", note le Pr Lasfargues. "La couche de granulats est protégée par une couche superficielle d'agglomérants, avec des colles et des résines", explique-t-il, soulignant la nécessité de collecter des données sur d'éventuels composés organiques volatils émis par ces produits pour lever les "incertitudes".

Une note qui ne rassure pas complètement. La note publiée mardi, qui relève des "limites méthodologiques dans les données disponibles" et un manque de données sur d'autres points, n'a pas rassuré l'association Robin des bois, qui avait saisi l'agence. "Ça nous conforte dans notre inquiétude", commente son président Jacky Bonnemains. "Le domaine le plus lacunaire est l'inhalation de particules et de nanoparticules, un risque important en particulier pour des enfants en plein effort physique, avec des poumons dilatés, réceptacles privilégiés de ces particules", souligne-t-il. 

Une bonne nouvelle pour le principal organisme de collecte de pneus. Pour Aliapur, principal organisme chargé de la collecte et du recyclage de des pneus, l'avis de l'Anses est une bonne nouvelle. L'Anses dit "sans ambiguïté" que pour un "gazon synthétique rempli de granulats de caoutchouc", le "risque pour la santé est faible et négligeable", commente son directeur général Hervé Domas, regrettant les "rumeurs" des derniers mois. "Les gens qui pouvaient être légitimement inquiets de ce qui a été véhiculé peuvent aujourd'hui être rassurés", ajoute-t-il.

 

10% des grands terrains de foot sont synthétiques. Selon l'Anses, en 2016, 90.000 tonnes de pneus ont été recyclés en granulats, soit 40 à 50% de la filière de traitement des pneus en France. Début 2018, il existait environ 3.000 terrains sportifs synthétiques de grande taille en France. Les gazons synthétiques représentent 10% des grands terrains de football.