Risques d’infarctus, sensibilité au stress… Cinq choses à savoir sur le cœur des femmes

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Le cœur des femmes se différencie de celui des hommes par sa taille plus petite mais également par des facteurs de risques spécifiques, engendrés par la contraception ou la grossesse. La cardiologue Claire Mounier-Vehier, cheffe de service de médecine vasculaire à Lille, a évoqué ces particularités mardi sur Europe 1.

Non, le cœur d’une femme n’est pas le même que celui d’un homme. Il ne s’agit pas du cliché éculé d’un énième film à l’eau de rose, mais bel et bien d’anatomie. La cardiologue Claire Mounier-Vehier, cheffe de service de médecine vasculaire au CHRU de Lille, a expliqué mardi sur Europe 1 les spécificités du cœur féminin. Voici cinq choses à savoir, de la taille du cœur aux risques liés à la pilule.

Un cœur plus petit

Première donnée méconnue : le cœur des femmes est plus petit et pèse entre "200 et 300 grammes". "On peut facilement greffer un cœur d’homme sur un cœur de femme, mais l’inverse est plus compliqué", explique Claire Mounier-Vehier. "Le cœur des femmes bat plus vite et est bourré de récepteurs aux œstrogènes, il va être très sensible aux fluctuations du cycle hormonal au moment des règles, de la grossesse et au moment de la ménopause", poursuit-elle.

Un organe "très sensible au stress"

Le cœur féminin est aussi très sensible au stress. "La forme la plus cataclysmique est le syndrome dit du 'cœur brisé', où le cœur est totalement paralysé après un gros stress", détaille la cardiologue, qui est également cofondatrice de la fondation "Agir pour le cœur des femmes". "C’est un syndrome qui concerne huit femmes pour deux hommes, et plutôt des femmes ménopausées."

Des infarctus en augmentation chez les femmes

C’est un chiffre qui inquiète les cardiologues : en 15 ans, les infarctus des femmes de moins de 50 ans ont triplé. En cause, un style de vie de plus en plus proche de celui des hommes, dont une augmentation de la consommation de tabac. "En valeur absolue, il y a toujours plus d’hommes qui font des infarctus que de femmes. Mais il y a +5% par an d’hospitalisations de femmes de moins de 55 ans pour infarctus du myocarde. C’est ce qui nous préoccupe", abonde la cardiologue, qui a dressé un portrait-robot de ces femmes à risque.

"Avant 50 ans, ce sera en général une femme très stressée, très fumeuse et plutôt précaire. Le tabac est la cause numéro 1, avant le stress, la précarité et la sédentarité", prévient Claire Mounier-Vehier. "Si on rajoute du stress et une cigarette, et qu’il fait froid, c’est un cocktail d’infarctus du myocarde. Les femmes qui ont les mains blanches doivent faire attention", met en garde la cardiologue.

La pilule, une des premières causes d’infarctus et d’AVC

Claire Mounier-Vehier l’assure : "l'une des premières causes d’infarctus et d’AVC chez les femmes est la pilule." La cardiologue a alerté sur l’importance de choisir attentivement son moyen de contraception, en concertation avec un gynécologue, afin de réduire les facteurs de risques.

"Il y a des feux rouges de la contraception que les femmes doivent connaître absolument : si elles sont migraineuses, si elles ont un antécédent de phlébite, si elles ont déjà une maladie cardiaque connue et qu’elles sont diabétiques", alors elles doivent impérativement informer leur gynécologue, qui peut les orienter vers d'autres méthodes de contraception. "Les mamans doivent aussi impérativement donner à leurs filles leurs antécédents familiaux."

La grossesse, un marathon qui met le cœur à rude épreuve

La grossesse est une autre période de la vie des femmes qui met leur cœur à rude épreuve. "La grossesse est un marathon, c’est comme si vous couriez jour et nuit pendant neuf mois", schématise Claire Mounier-Vehier. "C’est une épreuve d’effort qui va fatiguer un cœur qui, s’il n’est pas en bonne santé à la base, va précipiter une maladie cardiaque. En pratique il y a trois situations : soit je suis une femme cardiaque connue (valve, aorte…), alors on en parle à son médecin et à son gynécologue, et on arrête certains médicaments si on peut."

"La deuxième situation c’est une femme hypertendue, diabétique, fumeuse ou qui a la quarantaine. Ces femmes-là sont à haut risque de mal fabriquer leur placenta et, s’il est de mauvaise qualité, ça peut donner des complications cérébrales, cardiaques, vasculaires et rénales", poursuit-elle. "La troisième situation c’est après l’accouchement. Les femmes qui auront fait un accident cardio-vasculaire pendant la grossesse doivent être suivies."