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Delphine Schiltz, édité par Juliette Moreau Alvarez , modifié à
Si l'accès à un médecin est difficile pour certains et que le temps d'attente pour avoir un rendez-vous chez un spécialiste est très long pour d'autres, de plus en plus de Français ne se rendent pas à leur rendez-vous médical. Un fléau accentué par Doctolib et le Covid et dénoncé par les professionnels de santé.

Après s'être fait poser plusieurs lapins, les médecins tirent la sonnette d’alarme. Pour eux, trop de rendez-vous pris dans leurs cabinets ne sont pas honorés et cela représenterait un peu plus de 76.000 rendez-vous par jour. Par an, le chiffre est colossal : 28 millions de rendez-vous médicaux ne sont pas honorés par les patients. Par jour, cela revient à rendre indisponible 4.000 médecins, alerte l’Union française pour une médecine libre (UFML).

Le phénomène n’est pas nouveau mais il s’est accentué avec le développement des plateformes comme Doctolib et la crise Covid. Certains médecins irrités veulent prendre des mesures. Les spécialistes sont particulièrement concernés par le phénomène. Dorothée Douchement, médecin ORL, est consternée. En moyenne, elle subit 29 lapins en moyenne depuis le début de l’année. "C’est énorme", regrette-elle. "Et je me vois refuser des patients le matin, parfois des patients que je suis depuis longtemps, des patients en urgence, parce que mon carnet de rendez-vous est plein. Et finalement je me retrouve à attendre un patient qui ne vient pas", raconte Dorothée Douchement.

Parfois, la spécialiste contacte ses patients pour comprendre pourquoi ils ne se sont pas présentés au rendez-vous. La liste des motifs est longue, et certains comportements l'affligent : "Il y en a qui me disent qu’il faisait beau et qu'ils ont préféré aller à la mer, d’autres qu’ils ont autre chose à faire", énumère-t-elle. "On se demande si on vit sur la même planète", déplore-t-elle alors qu’elle constate un délai d’attente d’au moins quatre mois pour une prise de rendez-vous au sein de son cabinet.

Un appel à sanctionner les rendez-vous non honorés

"La santé est devenu un bien que l'on consomme. Moi ça me choque terriblement", s'indigne la médecin. Pour lutter contre ce fléau, l’UFML souhaite s’attaquer au porte-monnaie de ceux qui ne prennent pas la peine d’annuler. Jérôme Marty, son président, détaille les modalités.

Dans un premier temps, il faudrait modifier le code de santé publique qui empêche à ce jour de facturer un rendez-vous non honoré : "Ce qui est possible, c’est qu’on mette en place un système de signalement à l’assurance maladie. À partir de là, l’assurance maladie pourrait prélever une somme 'sur le compte de la personne', lors de sa prochaine consultation. Cette somme pourrait être de 4, 5 ou 10 euros", propose Jérôme Marty. Une autre proposition prévoit elle que ces sommes collectées dédommagent les médecins ou alimentent un fond de lutte contre les déserts médicaux.