Séniors : les troubles auditifs affectent l'intellect

appareil auditif
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Mélanie Gomez, avec AW , modifié à
Les performances intellectuelles diminuent, même avec une perte d'audition légère, pointe une étude.

Quand on entend moins bien, l'intellect trinque aussi. C'est ce qui ressort des résultats d'une étude réalisée par l'INSERM qui vient d'être publiée dans le Journal of the American Geriatrics Society. Selon les chercheurs qui ont suivi près de 4.000 personnes âgées de plus de 65 ans pendant 25 ans, les troubles auditifs surtout si ils ne sont pas pris en charge, auraient en effet un impact très important sur le déclin cognitif. Or, deux tiers des plus de 70 ans ont une perte auditive et parmi eux beaucoup décident de ne pas être appareillés.

Sept ans de plus pour le cerveau. Même pour une perte auditive légère, les performances intellectuelles telles que la mémoire, l'attention, le calcul ou le langage diminuent, selon les scientifiques. Certains spécialistes affirment ainsi que tout se passe comme si le cerveau était plus vieux de 7 années !

Pas de fatalité. Mais l'étude montre aussi qu'il est tout à fait possible de contrer ce déclin intellectuel en appareillant les personnes concernées : "les personnes qui ont un trouble de l'audition mais qui sont appareillées ne présentent pas de déclin cognitif majoré et présentent finalement un déclin similaire à ceux qui ne présentent pas de troubles de l'audition", explique sur Europe1 le Pr Hélène Amieva de l'Inserm.

Des obstacles financiers. Problème : beaucoup de personnes malentendantes ne s'appareillent pas notamment pour des raisons financières. Le prix moyen d'une prothèse est en effet de 1.550 euros. Et le système de remboursement en France n'incite pas les gens à sauter le pas : "aujourd'hui, il y a 500 euros remboursés par la sécurité sociale et les complémentaires donc le reste à charge est, en moyenne, de 1.000 euros par oreille. Si on avait la prise en charge allemande, ce serait divisé par quatre puisque ce serait de 250 euros", déplore le président du syndicat des audioprothésistes, Luis Godinho.

Toutefois il y a des raisons d'espérer : pour favoriser l'accès aux prothèses auditives, la loi de santé devrait imposer des tarifs négociés à la baisse pour les personnes aux revenus modestes, en particulier les bénéficiaires de la CMU.