Santé, environnement… Et si les ampoules LED n’étaient pas si vertueuses ?

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Des roses illuminées de LED banches, au Malaysia Agro Exposition Park, le 16 septembre 2016 à Kuala Lumpur. © MANAN VATSYAYANA / AFP
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Une étude de l’Inserm publiée cette semaine relance (encore) le débat sur les diodes électroluminescentes. 

La consommation d’énergie ou la santé, va-t-il falloir choisir ? Une étude de l'INSERM vient de relancer le débat autour des LED (pour "Light-Emitting Diode"), ces ampoules à basse consommation qui remplacent peu à peu les ampoules incandescentes depuis le début des années 2000. Depuis quelques années, les pouvoirs publics multiplient les incitations pour développer l’utilisation de ces "diodes électroluminescentes" en lieu et place des bons vieux filaments. Mais au fur et à mesure de leur progression dans l’espace public et privé, les LED sont de plus en plus pointées du doigt.

  • Un danger potentiel pour les yeux.

L’étude de l’Inserm publiée cette semaine va dans le sens d’une intuition partagée depuis longtemps par de nombreux ophtalmologues : les LED sont potentiellement dangereuses pour les yeux. Les chercheurs français ont réalisé une expérience sur des rats, qu’ils ont exposés à toutes sortes d'ampoules. Résultat : seules les LED causent des dégâts sur les yeux. Même lorsque les rongeurs sont soumis à une faible intensité, équivalente à celle que l’on trouve dans les habitations, leurs yeux souffrent. Au bout d’une semaine d'exposition, des lésions au niveau de la rétine apparaissent. Les cellules qui la composent se nécrosent, meurent et contaminent d’autres cellules.

Le principal coupable, c'est la lumière bleue. Chaque source de lumière (naturelle, ampoule incandescente, LED…) est un mélange de différentes couleurs émises avec des intensités différentes et composées de longueurs d’ondes différentes. Or, avec les LED, la lumière bleue est plus présente qu’ailleurs. Et selon les scientifiques, sa composition et son intensité constituent un danger potentiel pour la rétine lorsqu’on y est exposé durablement.

Ce n’est pas la première fois que les LED et la lumière bleue sont pointées du doigt. La Société française d’ophtalmologie met régulièrement en garde contre son exposition intensive. Problème : pour l’heure, les études n’ont été faites que sur des animaux. Et le risque est que les premières données scientifiques sur l’homme ne soient pas connues avant 20 ans. En 2005 déjà, l'Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire et de l’environnement, recommandait des études approfondies le plus tôt possible. "Les enfants sont particulièrement sensibles à ce risque, dans la mesure où leur cristallin reste en développement et ne peut assurer son rôle efficace de filtre de la lumière", alertait-elle encore en 2010, dans un rapport.

  • Un impact pas si positif sur l’environnement ?

Eclairage public, lumière du foyer, smartphones, casques de réalité virtuelle… Aujourd’hui, les LED sont partout. Depuis 2005, en effet, l’Union européenne multiplie les dispositifs d’incitation à la commercialisation de ce type de diodes. Bruxelles s’est même fixée un objectif : réduire de 20%, d’ici à 2020, la consommation d’énergie liée à l’éclairage, et ce grâce au développement du LED.

Problème : son bilan environnemental réel reste encore à faire. Selon l’Union européenne, l’utilisation d’une LED fait baisser la consommation énergétique de 70%. On utilise moins d’électricité et donc l’environnement serait préservé. Le hic, c’est qu’aucune recherche n’a encore été faite sur l’impact pour la planète de la fabrication de ces LED, qui demande d’exploiter des terres rares et des métaux précieux.

En octobre 2014, une étude canadienne publiée dans la revue Ecological Applications pointait également un nouveau risque : les LED, surtout installées sur la voie publique, attireraient particulièrement les insectes (48% de plus qu’un éclairage à vapeur de sodium, couramment utilisé dans l’espace public). Or, cela perturberait la chaîne alimentaire et risquerait de provoquer des concentrations d’insectes potentiellement nocives pour l’environnement.

Par précaution, les spécialistes appellent donc à multiplier d’urgence les études sur la question. Et à réfléchir, dès à présent, à une nouvelle génération d'ampoules qui contiendraient moins de lumière bleue. En attendant, chez vous, optez plutôt pour les LED les moins puissantes et évitez de les regarder directement.