Pour pouvoir maintenir le budget de leur service, certains praticiens sont amenés à pratiquer plus de chirurgies que nécessaire. 1:30
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Mélanie Gomez, édité par A.H.
L'opération du canal carpien est par exemple davantage pratiquée dans la Meuse qu'à Paris.

À problèmes de santé identiques, en matière de chirurgie, les Français sont soignés de manière très différente selon l'endroit où ils vivent. C'est ce qui ressort de "l'Atlas des variations des pratiques médicales", qui vient d'être publié par le ministère de la Santé.

Des opérations plus fréquentes dans certains départements. Onze chirurgies communes ont été évaluées : l'appendicite, la césarienne, la pose d'une prothèse de genou par exemple. On découvre que les chirurgiens n'usent pas du bistouri avec la même fréquence d'un département à l'autre. Le plus gros écart concerne la chirurgie du syndrome du canal carpien, qui vise à soulager des douleurs dans le poignet. Dans la Meuse, cette opération est quatre fois plus fréquente qu'à Paris. Pour une tumeur bénigne de la prostate, vous avez deux fois plus de risque de finir au bloc si vous habitez en Savoie qu'en Ariège.

Une question budgétaire. Pour l'Union des chirurgiens de France, un tel écart s'explique. En effet, il y a très peu d'urologues en Ariège, les patients se font donc opérer dans des département voisins, ce qui gonfle leurs chiffres. Mais la répartition des médecins n'explique pas tout. On opère par exemple toujours trop d'appendicites alors que dans trois-quarts des cas, les antibiotique suffisent à traiter le patient. Pour Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France, il s'agit peut-être d'une question d'habitude mais sans doute, aussi, d'une question financière. "Le budget d'un service hospitalier dépend de son activité, donc du nombre d'actes réalisés dans l'année. Si jamais pour une raison X ou Y il y a moins d'actes, on peut être amenés à pousser des opérations qui ne seraient peut-être pas complètement utiles pour pouvoir maintenir le budget", admet-il.

20% des actes jugés inutiles. Depuis 2012, l'Assurance maladie essaie de résoudre le problème en rappelant les bonnes pratiques aux professionnels. Les médecins eux-même avouent qu'ils ne sont pas toujours bons élèves. Dans un sondage, ils affirment qu'environ 20% de leurs actes sont inutiles.