Mort subite de l'adulte : beaucoup de décès pourraient être évités, soulignent des experts

40.000 personnes meurent subitement chaque année en France.
40.000 personnes meurent subitement chaque année en France. © Pixabay
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avec AFP // crédit photo : pixabay
Chaque année, 4 à 5 millions de personnes meurent subitement, malgré les progrès de la médecine dans le domaine de la cardiologie. Parmi ces décès, bon nombre d'entre eux peuvent pourtant être évités, comme l'expliquent plusieurs experts de la revue scientifique du Lancet.

Malgré des avancées majeures en cardiologie, on dénombre toujours 4 à 5 millions de morts subites dans le monde chaque année, mais de nombreux décès pourraient être évités, affirment dimanche plusieurs experts dans le Lancet. Ce mode de décès est principalement la conséquence d'une maladie cardiaque, parfois méconnue, entraînant un emballement du coeur et un effondrement de la victime en arrêt cardiaque. Alors que le nombre de ces décès reste globalement stable depuis des années, les chances de survie pourraient s'améliorer de façon très significative, affirment une trentaine d'experts dans un numéro spécial de la revue médicale.

La mort subite "survient de façon inattendue, dans l'heure qui suit les premiers symptômes", a expliqué à l'AFP Eloi Marijon, professeur de cardiologie à l'université Paris-Cité et chercheur à l'Inserm, qui a coordonné cet ensemble de spécialistes. "C'est typiquement la personne qui se lève le matin en allant bien et s'effondre soudainement dans le métro en se rendant au boulot", a-t-il illustré. L'infarctus du myocarde (ou crise cardiaque) représente la cause de la mort subite dans environ trois quart des cas, mais des maladies cardiaques héréditaires sont fréquemment identifiées chez les victimes les plus jeunes, parfois un défaut "électrique" du cœur.

40.000 morts subites en France

Au total, on recense environ 40.000 morts subites par an en France. Le taux de survie après arrêt cardiaque est d'environ 10%. Selon l'article du Lancet, qui vise à guider les communautés médicale et scientifique ainsi que les acteurs de santé publique, il faudrait améliorer notre capacité à prédire l'événement en utilisant un maximum de données jusqu'à présent négligées. "La majorité des personnes décédées ne sont pas autopsiées. Or, si l'on veut mieux prédire, il faut mieux comprendre les mécanismes, donc être capable d'analyser davantage de données", a exposé Eloi Marijon.

À l'inverse, les facteurs clés qui permettent une meilleure survie - une fois l'arrêt cardiaque survenu - sont simples et bien connus : le massage cardiaque immédiat par le témoin et l'usage d'un défibrillateur grand public avant l'arrivée des secours. "Des études récentes démontrent qu'en cas de massage et défibrillation dans les minutes qui suivent l'événement, on peut atteindre plus de 80% de survie", a insisté Eloi Marijon rappelant qu'"on perd 10% de chance de survie à chaque minute qui s'écoule". "Il faut éduquer la population, installer des défibrillateurs dans tous les lieux publics", a-t-il plaidé.

L'objectif étant de réussir à réanimer progressivement "20 puis 30%" des personnes et diminuer ainsi le nombre total de morts subites. Parmi les autres préconisations : prendre mieux en compte un certain nombre de séquelles neuro-psychologiques qui persistent après un arrêt cardiaque et identifier d'éventuelles maladies cardiaques héréditaires.