Les experts de l'OMS ont enquêté sur l'origine de la pandémie à Wuhan pendant plusieurs semaines. 2:32
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Ariel Guez , modifié à
Cette semaine, l'OMS livrait les conclusions de son enquête en Chine et assurait que l'hypothèse que le coronavirus ait pu s'échapper d'un laboratoire était "hautement improbable." Sur Europe 1 samedi, François Godement, historien spécialiste de l'Asie à l'Institut Montaigne, déplore qu'elle "a été beaucoup trop courte" et assure qu'il faudrait "la recommencer."
INTERVIEW

Saura t-on un jour d'où vient (vraiment) le Covid-19 ? Plus d'un an après le signalement des premiers cas de coronavirus en Chine, épicentre de la crise, le patron de l'Organisation mondiale de la Santé a affirmé que "toutes les hypothèses restent sur la table" pour déterminer l'origine de la pandémie. Le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus faisait cette déclaration lors d'une conférence de presse qui concluait une mission d'un mois sur place par des experts mandatés par l'OMS. Sauf que pour François Godement, spécialiste de l'Asie et invité de la matinale d'Europe 1 ce samedi, "la seule conclusion qu'on peut tirer de l'enquête de l'OMS, c'est qu'elle a été beaucoup trop courte." 

"Plus on s'éloigne du moment de la contamination, moins on est sûr de ce qu'on se trouve"

Les experts de l'OMS ont semblé exclure l'hypothèse que le virus ait pu s'échapper de l'institut de virologie de la ville, comme l'administration Trump l'affirmait il y a quelques mois. Ils ont évoqué une hypothèse "hautement improbable". "La réalité, c'est qu'on en sait rigoureusement rien", répond François Godement, spécialiste de de l'Asie à l'Institut Montaigne. "Ce n'est pas en trois heures qu'on débriefe tout le personnel d'un laboratoire !", dénonce-t-il au micro d'Europe 1, indiquant qu'il faudrait savoir si l'OMS "a eu accès aux véritables archives" et si les témoins interrogés ont pu parler librement. 

"Au fond, il faudrait recommencer", résume François Godement. Et vite, car, explique-t-il, "plus on s'éloigne du moment de la contamination, moins on est sûr de ce qu'on trouve." "Toutes les analyses faites après coup risquent de donner ce qu'on appelle des faux-positifs", développe le spécialiste de l'Asie au micro d'Europe 1. 

"La seule chance, c'est qu'apparaisse en Chine un lanceur d'alerte"

Surtout que la Chine joue la montre. "L'OMS a tenté d'envoyer une équipe d'enquête dès le mois de février 2020", rappelle François Godement. Sauf que rien ne contraint la Chine de l'accueillir, souligne-t-il. "Il y a obligation pour les pays membres de l'Organisation mondiale de la Santé d'accepter une équipe d'enquête, mais il n'y aucune sanction s'ils disent non !", continue François Godement. Pas plus tard qu'il y a un mois et demi, relève-t-il, "la Chine a retardé le processus parce qu'elle ne voulait pas de caméraman indépendant avec l'équipe". 

Mais obtiendra-t-on un jour des réponses ? "Selon moi, la seule chance qu'on ait aujourd'hui de connaître l'origine de la pandémie, c'est qu'apparaisse en Chine un lanceur d'alerte", répond François Godement. "En dehors de cette hypothèse, sans une très longue investigation locale pour comprendre quel animal a transmis la maladie, on ne saura jamais", conclut-il.