Androcur : les patients devront signer un formulaire avant le traitement

L'Androcur multiplie par 7 le risque de méningiomes chez les femmes traitées plus de 6 mois.
L'Androcur multiplie par 7 le risque de méningiomes chez les femmes traitées plus de 6 mois. © FLORIAN DAVID / AFP
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Europe1.fr avec AFP , modifié à
L'Androcur ou ses génériques, qui servent notamment à traiter des maladies hormonales, peuvent être à l'origine de tumeurs cérébrales lorsqu'ils sont pris de façon prolongée et à hautes doses.

Les patients devront bientôt signer un formulaire d'accord de soins avant de débuter tout traitement avec l'Androcur ou ses génériques, médicaments à l'origine de tumeurs cérébrales lorsqu'ils sont pris de façon prolongée et à hautes doses, a indiqué lundi l'Agence du médicament ANSM.

Un traitement de certaines maladies hormonales. La mise en place de ce formulaire, à renouveler tous les ans, a été suggérée par les représentants d'utilisateurs de ce médicament et des professionnels de santé, pour en "sécuriser davantage l'utilisation", lors d'une réunion organisée le 16 novembre, a expliqué l'agence sanitaire dans un communiqué. Androcur (laboratoire Bayer) et ses génériques sont indiqués chez la femme dans le traitement de certaines maladies hormonales qui se manifestent par une augmentation majeure du système pileux (hirsutisme) et chez l'homme pour certaines formes de cancer de la prostate.

Cette "contractualisation entre un patient et son praticien" permettra "chaque année de repenser la nécessité de poursuivre ce traitement", a souligné Jean-Michel Race, directeur des médicaments d'endocrinologie et de gynécologie à l'ANSM, interrogé par l'AFP. "Le caractère un peu solennel de la chose permet de s'assurer que chacun prend bien la mesure du traitement qu'on va prescrire, du risque et de la surveillance" qu'il impose, a-t-il ajouté, précisant que ce formulaire serait mis en place "avant la fin de l'année".

Bientôt un document d'information pour les patients. Les participants à la réunion ont également proposé trois autres mesures : la diffusion, "d'ici la fin du 1er trimestre 2019" d'un document d'information pour les patients actuellement sous acétate de cyprotérone (le principe actif de l'Androcur) ou qui envisagent un tel traitement, l'élaboration au cours du premier semestre 2019 d'un courrier destiné à l'ensemble des personnes traitées depuis deux ans et d'un autre destiné aux médecins ayant prescrit ce médicament.

La rédaction de ces trois documents sera confiée à un "groupe de travail" constitué des représentants des patients et des professionnels de santé, afin de tenir compte de leurs attentes et de leurs besoins, a précisé l'ANSM. "La première réunion de ce groupe se tiendra avant la fin de l'année 2018", a-t-elle ajouté.

Un numéro vert mise en place. En octobre, l'ANSM avait déjà émis de nouvelles recommandations aux professionnels de santé conseillant la prescription d'un examen d'imagerie IRM du cerveau avant de débuter tout traitement avec l'Androcur et soulignant que ce médicament ne devait pas être utilisé pour traiter des problèmes tels que l'acné, la peau grasse ou une pilosité modérée. On sait depuis plusieurs années que l'Androcur augmente le risque de développer des méningiomes, une tumeur au cerveau le plus souvent bénigne.

Mais une étude de l'ANSM et de l'Assurance maladie publiée fin août, et ne portant que sur des femmes, a quantifié ce risque pour la première fois: il est multiplié par 7 pour les patientes traitées par de fortes doses cumulées plus de 6 mois et par 20 après cinq années de traitement. Un numéro vert (0 805 04 01 10) a été mis en place en septembre suite à cette publication, pour "répondre aux interrogations" des patients.