Vaccination des enfants : pourquoi le sujet est-il si sensible ?

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Benjamin Peter, Sonia Chemaa et AFP , modifié à

Lundi, le Premier ministre, Jean Castex, annoncé l'ouverture de la vaccination aux enfants de 5-11 ans d'ici fin décembre. Chez les parents, la nouvelle suscite le débat. L'Organisation mondiale de la santé, de son côté, recommande à l'Europe d'éviter au possible la vaccination obligatoire des enfants. 

La vaccination contre le Covid-19 sera désormais ouverte aux enfants de 5 à 11 ans d'ici à la fin de l'année, a annoncé lundi soir le Premier ministre, Jean Castex . Auparavant, elle n'était autorisée qu'aux 12 ans et plus. Cette vaccination se fera sur la base du volontariat, avec des solutions diluées, adaptées aux plus petits, mais qui ne rassurent pourtant pas les parents. "Ils sont trop petits." Pour Charlotte, maman de deux enfants, pas question de vacciner sa fille de 6 ans, quitte à se priver de loisirs. "Tant pis, on fera le ciné à la maison", se résigne la mère de famille, elle-même vaccinée. Un avis partagé par Edith, elle aussi maman d'une petite fille. "Impossible ! Ma fille n'ira pas à l'école s'il faut."

Effets pervers sur la "confiance du grand public"

Les enfants représentent la classe d'âge la plus touchée par le virus. Mais le point sensible, c'est évidemment l'obligation vaccinale. Ce mardi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé l'Europe à mieux protéger les enfants, tout en gardant la vaccination obligatoire comme un "dernier ressort absolu". Elle doit être décidée "seulement quand toutes les options possibles pour augmenter le taux de vaccination ont été épuisées", du fait notamment des possibles effets pervers sur la "confiance du grand public". 

Continuer à vivre comme des reclus

D'autres parents, en revanche, se montrent moins réticents à vacciner leurs enfants. "Je suis prêt à le faire", affirme Bertrand, papa d'un garçon de 9 ans. "Ma fille, l'aînée, qui était éligible, a été vaccinée et on ne s'est pas posé la question. Donc, s'il faut le faire pour le petit, oui. Si cela peut permettre de limiter la diffusion du virus, de protéger les autres et de nous protéger un peu plus. Oui, on le fera. Si on ne fait rien, on va continuer à vivre comme des reclus." 

Éviter les fermetures de classe 

Actuellement, en Europe, les cas augmentent dans toutes les catégories d'âge, "avec les taux les plus élevés observés parmi les 5-14 ans", parfois deux à trois fois plus élevés que dans le reste de la population, a souligné l'OMS Europe. Pour éviter de nouvelles fermetures de classe et le retour de l'enseignement à distance, elle a conseillé de renforcer les tests et l'usage des masques dans les écoles et d'envisager la vaccination au niveau national des enfants scolarisés, approuvée par plusieurs agences du médicament dans le monde.

Lundi, une étude de la Banque mondiale et de plusieurs institutions internationales avait mis en garde sur l'impact, encore plus lourd que prévu, de la pandémie sur l'éducation et l'avenir des enfants dans le monde. Selon celle-ci, la génération de jeunes actuellement à l'école risque de perdre dans sa vie près de 17.000 milliards de dollars de revenus en raison des fermetures d'établissements scolaires liées à la pandémie.

Le calendrier vaccinal

En France, dès le 15 novembre, le port du masque était de nouveau obligatoire dans les écoles. La vaccination, elle, reste optionnelle pour les moins de 12 ans. Pour les 360.000 enfants "à risque" de développer des formes graves du virus, celle-ci "commencera dès le 15 décembre", a indiqué le Premier ministre. Pour les six millions d'enfants restants, le gouvernement attend encore le feu vert de la Haute autorité de santé (HAS) et du Comité consultatif national d'éthique (CCNE). Sur le calendrier vaccinal, les dates du 20 et du 27 décembre ont été avancées par l’exécutif.