Les petits seins, une défaillance de féminité ?

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Mardi, dans "Sans Rendez-Vous" sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc s'est penchée sur le rapport complexe qui existe entre la taille des seins et la représentation de la féminité.

Trop petits, trop gros... De nombreuses femmes sont complexées par la taille de leur poitrine. Mardi, dans "Sans Rendez-Vous" sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc explique le lien entre la taille des seins et la représentation de la féminité.

La question d'Aline 19 ans

"J'ai de petits seins alors que toutes les autres femmes de ma famille sont bien loties. Cela me donne le sentiment de ne pas être une femme, qu'en pensez-vous ?"

La réponse de Catherine Blanc

Tout d'abord, la poitrine d'Aline va évoluer, elle n'a que 19 ans. Au-delà de la taille, la question est aussi de savoir si on lui donne la possibilité d'être une femme, ou si elle se réduit à une position de petite dernière, définitivement.

Les questions sur la taille des seins sont-elles fréquentes ?

Oui, puisque les organes extérieurs sont mesurables. Mais finalement, qu'est ce qui définit notre féminité si ce n'est ce que nous actons et ce que nous vivons au quotidien ? Et très souvent, nous cherchons des preuves extérieures qui démontrent à l'autre que nous sommes légitimes dans notre position féminine.

Est-ce que des hommes peuvent aimer des petites poitrines ?

Je crois que tous les hommes cherchent à voir qu'une femme à des seins puisqu'ils cherchent à voir ce qui démontre qu'elle est une femme. Mais tout le monde n'a pas la même lecture des seins : pour certains, les gros seins seront le symbole d'une femme nourricière, généreuse, et ce sera très excitant. Pour d'autres, ce sera anxiogène : certains hommes vont trouver des petits seins beaucoup plus rassurants, plus excitants, parce qu'ils ne sont pas une évidence à découvrir.

Comment faire en sorte qu'Aline accepte ses petits seins ? Peut-elle trouver elle-même des moyens de satisfaction ? Le regard d'un homme peut-elle l'aider ? 

Idéalement, il faut s'accepter : petits ou gros, ces seins sont vivants, ils réagissent, sont délicats, sont en harmonie avec un corps. Mais c'est difficile de se départir du regard des autres, et l'amour de l'autre vient rencontrer la possibilité de ce chemin de réparation.

Mais Aline se sent très différente par rapport aux autres femmes de sa famille...

Si ce sont des femmes qui sont épanouies là-dedans, très bien. Cela raconte l'histoire de la construction de ces femmes les unes avec les autres, la domination des unes par rapports aux autres, ce qui a entraîné l'idée que ses seins étaient défaillants par rapport à l'idée du super-pouvoir que pouvait avoir sa mère ou ses sœurs.

Les prothèses seraient-elles une solution ?

Certaines femmes ont besoin de la chirurgie esthétique, parce qu'elles ont besoin de quelque chose, notamment lorsque les seins sont abîmés. Je crois que dans le cas d'Aline, il faut attendre, même si c'est vrai que certaines vont y trouver un lieu de réassurance. A condition toutefois de ne pas faire "les seins de l'autre", "les seins de l'homme avec qui on est", mais les seins qui correspondent à une lecture de soi-même.