LA QUESTION SEXO - Faut-il arrêter de simuler pendant un rapport sexuel ?

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Catherine Blanc, édité par Thomas Vichard , modifié à
Vendredi, dans l’émission "Sans Rendez-Vous" sur Europe 1, la sexologue Catherine Blanc répond à une auditrice qui a pris l’habitude de simuler pendant l’acte sexuel pour s’éviter les questions embarrassantes. Mais depuis qu’elle est tombée amoureuse, elle aimerait sortir de cette posture.
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C'est une solution facile pour s'éviter de longues explications après un rapport sexuel décevant : simuler. Mais est-ce vraiment grave ? Et comment faire pour arrêter ce mécanisme sans blesser son partenaire ? Pour notre sexologue Catherine Blanc, chroniqueuse dans l'émission Sans Rendez-Vous, sur Europe 1, il est important de comprendre qu'un rapport sexuel réussi n'est pas forcément accompagné d'un orgasme ou de grands bruits, et qu'il faut apprendre à prendre son temps.

La question d’Ève

"J’ai toujours pris l’habitude de simuler dès lors que le plaisir n’arrivait pas immédiatement, afin de m'éviter la question 'alors, c’était comment ?'. Maintenant que je suis en couple et très amoureuse, je voudrais pouvoir laisser venir ce qui vient, ou pas, mais je crains la réaction de mon partenaire, comment faire ? Je me sens enfermé dans un processus que j’ai créé."

La réponse de Catherine Blanc

"C'est très bien de cheminer main dans la main, de voir ce que l’on peut découvrir ensemble, pouvoir se dire 'c’est la première fois que je le ressens' ou 'ah, il se passe quelque chose'. Il faut du silence pour que quelque chose naisse. Si on est toujours en train de bouger, de crier ou de parler, on fabrique quelque chose. On est très peu dans l’ici et maintenant. On est très peu dans l’accueil de la nouveauté : elle a raison de vouloir arrêter. 

Un rapport sexuel réussi ne passe pas nécessairement par un orgasme. Ce qui est réussi, c’est la preuve d’une tendresse, la preuve d’un moment où on ensemble. On ne crie pas tout le temps. On peut être ému intérieurement. Souvent, le plaisir est même pénible à témoigner. Si on ronronne pour dire à l’autre 'c’est bon', c’est déjà sortir un peu de ce moment-là. Il faut se dire que, dans le silence, il se passe beaucoup de choses. Il faut se regarder. On peut changer simplement la communication par le biais du regard, qui va montrer l’intensité du 'ça me plaît'.

Notre auditrice s’est peut-être empêchée de découvrir des choses par cette mise en scène était déjà trop élevée par rapport à ce qui se passait en elle. C’est l’inquiétude de ne rien ressentir qui fait qu’elle s’est toujours mise en scène pour être la 'super woman'. Ils auront des choses à découvrir ensemble. Il y a aura des moments tendres, doux, des petits sons, des petites respirations, des 'oui', des 'encore', qui vont rythmer la sexualité, qui seront tout aussi intéressants et qui la mèneront à l’orgasme.

Comment aborder le sujet sans blesser son partenaire ? 

On peut simplement dire 'Je me sens tellement en tranquillité, tellement amoureuse, que j’ai envie de laisser venir les choses tout doucement, et j’ai envie de passer du silence à la parole, du silence au son, au chant, au cri, aux rires plutôt que de tout de suite me mettre en scène comme j’ai eu l’habitude de le faire. Si tu en es d’accord, donnons-nous le temps et émerveillons-nous de ce que nous découvrons.' Et ça c’est charmant."