LA QUESTION SEXO - Est-ce si grave de ne pas être désinhibé sous la couette ?

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Mercredi, dans l’émission "Sans rendez-vous", la sexologue Catherine Blanc répond à un auditeur qui se demande s’il est grave de ne pas être désinhibé sous la couette.

Est-on plus inhibé qu’on ne le pense ? Cette question peut se poser lorsqu’un partenaire nous propose une expérience nouvelle ou surprenante, à laquelle on n’est pas habitué. Mercredi, au micro de Mélanie Gomez dans Sans rendez-vous, l’émission santé d’Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc explique pourquoi on peut être inhibé sous la couette.

La question de Mickaël, 32 ans

J’ai rencontré une fille dernièrement. Au moment de passer à l’acte, elle s’est interrompue pour aller chercher deux sex-toys dans son sac. Je n’ai rien contre ces accessoires, mais à ce moment-là je me suis senti mal. J’ai eu le sentiment d’être nié. Serais-je plus inhibé que je ne le pense ?

La réponse de Catherine Blanc

En effet, il s’est senti castré. Elle est allée chercher quelque chose pour se satisfaire, être source d’excitation. Elle lui a renvoyé l’idée que ce qu’il contenait, son pénis à lui, n’avait pas lui d’être assez intéressant. Il s’est donc senti castré, ce qu’on peut tout à fait comprendre.

Pourquoi cette fille a cette idée-là ?

C’est un peu le défaut de la médiatisation de la vie intime. Après avoir nié la sexualité du couple, aujourd’hui il est mis sur la place publique, dirigé, mis en image. Les gens n’osent plus être dans la découverte de la relation à l’autre et se sentent le devoir de montrer qu’ils sont bien au fait des pratiques modernes. C’est un peu la mallette du plombier.

Les sex-toys ne sont-ils pas plutôt pour les "vieux couples" ?

Ça l’est effectivement pour certains, qui vont essayer de remettre un peu de piment et d’insécurité. Certains sont un peu caricaturaux dans leur façon de fonctionner, car ils arrivent trop en doute avec eux-mêmes et avec la capacité de leur propre sexe. Ils viennent avec une batterie de choses à proposer à l’autre. Mais, du coup, mon doute à moi se reporte sur mon partenaire, qui devient quantité négligeable, ce qui est délétère dans la relation.

Le fait d’être pris par surprise a aussi joué ?

C’est assez directif. Il n’était là que pour manipuler l’engin, plutôt que d’apporter son pénis à lui. La question n’est pas de dire ‘c’est bien ou ce n’est pas bien’, mais qu’est-ce que ça vient faire quand c’est au-delà de la relation. Le sex-toy devient l’objet de délice, et le partenaire est interchangeable.

Mickael est-il plus inhibé qu’il ne le pense ?

Il l’est peut-être plus, au sens que les gens pensent qu’ils peuvent tout faire, mais face à la réalité c’est différent. Évidemment que c’est une chose d’avoir une ouverture intellectuelle, c’en est une autre de rencontrer la sexualité dans l’intimité d’une relation. Oui nous avons des pudeurs, et heureusement. Si on n’avait pas de pudeur, ça perdrait complètement de son charme. Il faut suffisamment de pudeur pour jouer à la bousculer délicatement.