LA QUESTION SEXO - Comment expliquer pics et chutes de l'activité sexuelle pendant le confinement ?

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Catherine Blanc
Le séjour forcé des couples à leur domicile bouleverse leur rythme de vie et leur sexualité. Dans l'émission "Sans rendez-vous" sur Europe 1, Catherine Blanc répond à un auditeur qui ne s'explique pas la baisse du nombre de rapports sexuels avec son compagnon, après un désir ardent durant les premiers jours du confinement.

Après plusieurs semaines de confinement, certaines personnes ont pu observer des pics puis des chutes de leur activité sexuelle. Dans l'émission "Sans rendez-vous" sur Europe 1, la sexologue et psychologue Catherine Blanc invite à repenser son "rythme normal" pour une sexualité épanouissante.

La question de François

La première semaine de confinement avec mon copain, nous n’avons pas arrêté de faire l’amour, jusqu’à trois fois dans la même journée. Mais depuis, tout est redescendu, par exemple cette semaine nous ne l’avons fait qu’une seule fois… Comment l’expliquer ?

La réponse de Catherine Blanc

Pour la sexologue et psychanalyste, le problème n'est pas à chercher du côté de l'activité actuelle, faussement paresseuse, mais plutôt du côté du besoin sexuel effréné des premiers jours du confinement.

Ne peut-on pas parler d'un "effet vacances" du confinement ?

Au contraire, pour Catherine Blanc ce n'est pas l'enthousiasme d'une situation nouvelle qui a ici poussé deux personnes à faire l'amour sans cesse, mais plutôt la peur d'un manque. "C'est à peu près le même principe qui a fait que tout le monde s'est rué dans les magasins pour remplir son frigo", pose la sexologue.

"Nous avons des pulsions [...] il y a eu un regain d'anxiété de ne pas avoir son lot, de risquer d'être en frustration et du coup une attitude démesurée et peut-être boulimique." Pour la sexualité comme pour l'alimentation, l'annonce du confinement a créé un manque. Dès lors, l'activité sexuelle effrénée des premiers jours n'était peur-être pas totalement en phase avec la réalité du désir mais relevait d'un besoin de "consommer".

Un rapport par semaine, est-ce un rythme normal ?

Deux personnes en couple n'oublient pas leur sexualité en une semaine. Un rapport par semaine permet tout à fait de s'épanouir dans sa sexualité. François semble vivre une sorte de "retour à la normale" par rapport aux débuts du confinement. "La libido suit le rythme de leur désir... et pas celui de l'idée qu'ils se font du désir" qui relevait en grande partie de l'angoisse générée par la période actuelle.

Doit-on repenser son lien à l'autre en cette période de proximité ?

Certains pourraient penser que la proximité forcée porte un coup au désir dans le couple : le rapport sexuel serait alors, encore une fois, commandé par l'angoisse puisqu'il traduirait la peur de perdre l'autre. Pour Catherine Blanc, on peut néanmoins créer un lien nouveau en période de confinement. "Il ne faut pas se fondre l'un dans l'autre [...] deux personnes individualisées, avec deux élans personnels de curiosité, de créativité, de pensées différentes [sont] amenés à aller les unes vers les autres."