LA QUESTION SEXO - Comment éviter que nos complexes physiques gênent notre sexualité ?

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Catherine Blanc , modifié à
Ce mardi dans "Sans Rendez-vous", la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à Emilien, un auditeur complexé par ses plaques d'eczéma. Pour la spécialiste, cette imperfection physique culmine vers une véritable souffrance psychologique et une dégradation du rapport à l'autre.

On parle souvent des problèmes de poids ou de taille qui brident la sexualité. On parle en revanche beaucoup moins de ces petites particularités pas vraiment handicapantes mais qui sont également source de gêne dans la vie sexuelle. Ainsi, une tâche de naissance ou un mal souvent bénin comme l'eczéma peuvent générer un sérieux complexe chez certains individus. Mardi sur Europe 1, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc explique dans "Sans Rendez-vous" que certaines personnes donnent une charge émotionnelle à leurs défauts physiques.

La question d'Emilien

"Je fais régulièrement des crises d’eczéma sur le corps et ça me gêne quand je rencontre des filles, j’ai peur de ne plus être attirant. Comment y remédier ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Nos petites imperfections rendent compte de choses émotionnelles : c’est cet 'émotionnel' qui vient brider tout d'un coup notre aisance à nous offrir physiquement et émotionnellement à l’autre.

Comment l'eczéma devient-il une source de souffrance psychologique ?

La trace que l’eczéma laisse sur le corps n'est pas tant le problème que la 'fragilité' qu'il révèle. C'est un problème moins physique qu'émotionnel. L’eczéma est souvent consécutif à des événements psychologiques. Alors que l'individu devrait le considérer comme anecdotique, le problème devient anxiogène et douloureux. La personne ne veut plus être touchée, il peut y avoir une appréhension à être caressé : la caresse n’amène pas à une peau douce mais rugueuse et aussi un toucher désagréable qui met de la distance et de l’inquiétude dans le relationnel.

Le problème touche-t-il également les femmes et les hommes ?

Les femmes subissent cette injonction de perfection physique : elles doivent être pomponnées de la tête aux pieds donc la moindre trace ou élément disgracieux peut être particulièrement mal accueilli. Pourtant, les mêmes traces sur le corps d'un homme peuvent être aussi mal vécues en particulier si elles se situent sur les jambes, les cuisses ou les parties génitales. Pour les deux sexes, cela renvoie à l'image d'une peau à vif, irritée. Le visage et le cou sont aussi très sensibles à ce type de tares.

Quelle réaction cela suscite-t-il chez le partenaire ?

L’autre peut expérimenter un toucher désagréable, mais c'est surtout celui qui reçoit qui a l’impression d’être défaillant. Toutes ces imperfections sur le corps rendent compte du regard que nous portons sur notre histoire propre : si une personne porte une cicatrice sans réelle charge émotionnelle, elle n'aura aucun problème à être caressée. En revanche, si une symbolique morbide l'entoure, le problème apparaît."