Jean-Pierre Couteron, psychologue clinicien et président de la Fédération Addiction.
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G.P. , modifié à
Sur Europe 1, Jean-Pierre Couteron, psychologue clinicien et président de la Fédération Addiction, est revenu sur le débat concernant la dépénalisation du cannabis.
INTERVIEW

Alors que les jeunes Français restent les plus gros consommateurs de cannabis en Europe, Jean-Marie Le Guen a relancé le débat sur une dépénalisation du cannabis le 11 avril dernier. Le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement a indiqué souhaiter que "le Parti socialiste ouvre un débat sur la fin de la prohibition" du cannabis. Dans Il n'y en a pas deux comme elle, le psychologue clinicien Jean-Pierre Couteron est revenu sur cette question qui suscite toujours autant de réactions.

Jean-Marie Le Guen : "C'est tabou ce sujet". Jean-Marie Le Guen favorable à l'ouverture du débat sur la prohibition du cannabis ? Cela n'a pas toujours été le cas si l'on en croit Jean-Pierre Couteron. Le spécialiste a confié au micro d'Europe 1 : "A l'époque où je travaillais avec lui sur la salle de consommation moindre risque, avant la présidentielle 2012, il nous avait dit : 'le cannabis, vous n'en parlez pas ! (...) Pendant la présidentielle, c'est tabou ce sujet'". Quatre années plus tard, c'est pourtant bien le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement qui lance le sujet, à quelques mois d'une nouvelle élection.

Faire évoluer les mentalités. Jean-Pierre Couteron partage, en tout cas, le constat de Jean-Marie Le Guen : la situation actuelle ne marche pas. "Ça fait 30 ans que je travaille dans ce secteur", indique le spécialiste, "la consommation a augmenté, les consommateurs rajeunissent et l'importance des trafics et de la violence qu'ils génèrent se démultiplient". Selon lui, il est urgent d'évoluer. A la fois pour des raisons de santé mais aussi de dépenses publiques. "Si on regardait la part de nos impôts consacrée à l'ensemble des forces que l'on déploie pour obtenir ce résultat, on se dirait : 'arrêtons tout de suite'", présage le psychologue clinicien.

Oser. Pour Jean-Pierre Couteron, "on n'a aucune raison technique de ne pas pouvoir placer ce produit dans un système de régulation particulier", comme avec l'alcool ou le tabac. "Il faut simplement oser le faire", estime le psychologue clinicien. Celui qui est aussi président de la Fédération Addiction réfute d'ailleurs les conséquences négatives qu'entraînerait la dépénalisation du cannabis. Selon Jean-Pierre Couteron, dire que mettre fin à la prohibition de la substance favoriserait la consommation, "c'est faux".