Grenoble : 80 personnes s'estiment victimes du même chirurgien

Un chirurgien grenoblois est accusé de 80 accidents médiaux, après des opérations du dos
Un chirurgien grenoblois est accusé de 80 accidents médiaux, après des opérations du dos © FREDERICK FLORIN / AFP
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Idèr Nabili avec AFP
À Grenoble, 80 personnes se disent victimes d'un chirurgien du dos, et estiment que le résultat des opérations ne correspond pas au résultat promis par le Docteur V. Le dossier pourrait être porté en justice.

80 personnes ont décidé de saisir un cabinet d'avocat afin de porter en justice le Docteur V, coupable selon elles d'accidents médicaux commis par le chirurgien lors d'opérations du dos. Les proches d'un homme décédé en 2017 accusent même le praticien pour le décès du septuagénaire.

"Tous les stades de handicap se retrouvent dans cette cohorte de patients"

"À ce jour, 80 personnes estiment que le résultat des opérations du chirurgien en cause n'est pas conforme au résultat promis, et constitue un accident médical", a indiqué Me Bourgin, l'avocat qui a été saisi dans cette affaire. "Tous les stades de handicap se retrouvent dans cette cohorte de patients", selon l'avocat. Certaines personnes se retrouvent désormais en situation de handicap, et envisagent de porter plainte. Un homme est même décédé, des suites de son opération du dos par le Docteur V, selon ses proches.

L'épouse et la fille du septuagénaire décédé fin 2017 relatent jeudi dans Le Parisien comment le Docteur V. aurait décidé d'opérer, "sans proposer d'autres solutions" ni "demander d'autres examens", le retraité qui souffrait du dos. Or celui-ci, selon sa famille, souffrait parallèlement d'une obstruction des artères fémorales. Souffrant de la jambe droite après l'opération, en septembre 2017, il doit être amputé deux semaines plus tard, et décède d'une infection généralisée le 4 novembre. L'épouse avait, selon le journal, évoqué "une erreur médicale" fatale dès le jour des obsèques. Aujourd'hui elle a "la haine contre ceux qui ont engagé cette opération alors que de nombreux facteurs la contre-indiquaient", et se dit prête à porter plainte.

Suspendu par le Conseil national de l'ordre des médecins

Avant la saisie de l'avocat, une soixantaine de dossiers avaient été envoyée au Conseil national de l'ordre des médecins. Le CNOM a alors condamné le chirurgien à trois ans de suspension, dont la moitié avec sursis, lui reprochant d'opérer dans disposer "de tous les éléments nécessaires", et de ne fournir "aucune explication convaincante" sur une trentaine de complications postopératoires. Il a aussi reçu un blâme en avril de l'ordre des médecins de Rhône-Alpes, dans un dossier suivi par Me Bourgin. Son avocat, Me Bernard Boulloud, a prévu de s'exprimer publiquement ce vendredi.