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Invité d'Europe 1, Jean-Michel Leligny, coureur greffé du cœur, va prendre le départ du marathon de Paris, dimanche. 
INTERVIEW

Un double anniversaire sera fêté dimanche, au marathon de Paris. Celui des 40 ans de la course, mais aussi celui des 25 ans de greffe de Jean-Michel Leligny, qui courra dimanche avec le cœur d'un autre. Sur Europe 1, le héros du roman 42 km 195, de Bernard Thomasson, raconte comment il s'est préparé à la course, à laquelle il participe pour la deuxième fois.

30% de capacités en moins. "Au risque de vous choquer, je n'ai pas beaucoup de contraintes", explique-t-il modestement. "Lorsqu'on a un cœur transplanté, les études ont montré qu'on perdait à peu près 30% de ses capacités, ce qui est dû à la fois au traitement immunosuppresseur et au temps d'ischémie, c'est-à-dire le temps où le cœur passe du donneur au receveur, pendant lequel le cœur s'arrête. Et plus ce temps est long, plus le cœur s'endommage. On a également un cœur qui n'est plus innervé, c'est-à-dire que le cœur ne réagit pas immédiatement à l'effort".

"Je lui parle". Son objectif : finir en moins de quatre heures, avec toujours une pensée pour son donneur. "C'est ce qui me donne la force de faire un marathon. Quand je fais un marathon, celui qui m'a 'prêté' son cœur court aussi avec moi. Je lui parle, je lui dis 'file moi des coups de pied dans le cul, faut qu'on aille au bout'", raconte-t-il.

Appel aux dons. Si Jean-Michel Leligny médiatise son initiative, c'est aussi pour lancer un nouvel appel en faveur du don d'organes. "On ne donne pas suffisamment en France. Il y a des milliers de gens qui attendent un organe pour vivre ou mieux vivre. Les gens refusent trop souvent le don d'organes, par méconnaissance, je pense. Si les gens donnent, ils n'auront jamais à le regretter. Alors qu'à l'inverse, s'ils ne donnent pas, ils peuvent le regretter".

"Il y a une espèce de tabou". En 2015, 471,cœurs ont été transplantés, un chiffre en augmentation de 11,3 % par rapport à 2014, mais ces greffes restent bien moins nombreuses que pour le rein (3.486 greffes) et le foie (1.355). "Je ne sais pas pourquoi les gens ne donnent pas. Il y a une espèce de tabou. C'est difficile aussi de parler de ça avant sa mort. La nouvelle loi prévoit d'alléger cette procédure, mais en fait, une équipe médicale ne peut pas décemment prélever un organe contre l'avis de la famille, donc il faut vraiment que la famille soit d'accord", précise Jean-Michel Leligny, qui rappelle que le don d'organes et totalement gratuit et anonyme.