Fin du paracétamol et de l'ibuprofène en accès libre ? "On applique le principe de précaution"

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Pour limiter les risques de surdosage, ces médicaments pourraient désormais être derrière les comptoirs. Gilles Bonnefond, président de l’union syndicale des pharmaciens d’officine (USPO) s'en félicite sur Europe 1.
INTERVIEW

Le libre accès dans les pharmacies à l'aspirine, au paracétamol et à l'ibuprofène pourrait bientôt être terminé. C'est ce que souhaite l'Agence du médicament (ANSM) pour limiter les risques liés à un mauvais usage de ces produits. Ils seraient toujours accessible sans ordonnance mais derrière le comptoir du pharmacien, et non plus dans les rayons.  

Objectif : renforcer le rôle de conseil du pharmacien. Gilles Bonnefond, président de l’union syndicale des pharmaciens d’officine (USPO), se félicite de cette idée, jeudi matin sur Europe 1.

Renforcer le rôle du conseil du pharmacien

La mesure concerne les médicaments contenant du paracétamol (Doliprane, Efferalgan, etc.), ainsi que certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS): ceux à base d'ibuprofène (comme le Nurofen ou l'Advil) et l'aspirine. Elle pourrait être appliquée dès janvier 2020.

"On applique le principe de précaution : le paracétamol est une molécule efficace qui, en cas de surdosage, peut affecter le foie. L'ibuprofène, c'est le rein si la dose est très importante", explique Gilles Bonnefond. "Cette mesure renforcerait le rôle de conseil du pharmacien : on met ces médicaments derrière le comptoir, en petite quantité, 8-12 comprimés pas plus, pour éviter le stockage en armoire à pharmacie."

Contre la banalisation

Contre la banalisation de ces médicaments très utilisés en auto-médication pour les douleurs et fièvre, le président de l'USPO met en garde. "Cela reste des médicaments, avec une substance active efficace. Il faut faire attention à l'âge et à la dose. Les personnes âgées, par exemple, ont un foie ou des reins qui fonctionnent moins bien. Une dose maximum peut aggraver le processus d'élimination."

"Ne pas les mettre en accès direct est un bon signal", admet Gilles Bonnefond. "Ce ne sont pas des médicaments que l'on doit consommer comme ça mais plutôt dans le cadre d'un parcours de soin, après des conseils de médecins ou de pharmaciens."  La mesure n'a de sens selon lui que si l'ANSM interdit en parallèle la vente de ces comprimés sur internet. Elle serait applicable dès janvier 2020, après la fin de la "procédure contradictoire", une phase de consultation de 30 jours avec les industriels. Les associations de patients, les pharmacies seraient tous favorables à cette mesure.