Faut-il s’inquiéter du virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, repéré sur des tiques dans le sud de la France ?

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Ophélie Artaud / Crédit photo : BERTRAND GUAY / AFP
Après les Pyrénées-Orientales en octobre dernier, le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo a été repéré dans des élevages en Corse. Cette maladie, transmise par les piqures de tiques, est mortelle pour l'homme dans 30 à 40% des cas. Si aucun cas humain n'a été enregistré en France à ce jour, faut-il s'inquiéter de sa circulation, notamment sur le pourtour méditerranéen ?

Les Pyrénées-Orientales, la Corse, et peut-être tout le sud de la France... Le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, une maladie transmise par les tiques de la famille Hyalomma marginatum, a bien été identifié en France. Après une première découverte dans les Pyrénées-Orientales en octobre dernier sur des bovins, le virus a de nouveau été repéré sur des tiques dans un élevage en Corse par une équipe de chercheurs de l'Université de Corte. Une découverte publiée dans la revue américaine Emerging Infectious Diseases, comme l'explique Le Point. Si aucun cas humain n'a été rapporté en France à ce jour, le virus circule déjà probablement dans les régions du sud de l'hexagone.

"Le résultat de Corse ne fait que confirmer celui déjà trouvé dans les Pyrénées-Orientales : ça veut dire que le virus est installé de manière pérenne, non seulement en Corse, mais aussi en France métropolitaine", explique Sylvain Baize, directeur du centre national de référence des fièvres hémorragiques à l'Institut Pasteur. La fièvre hémorragique de Crimée-Congo est endémique en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient, et est déjà présente dans certains pays d'Europe de l'Est et du Sud, notamment l'Espagne, où plusieurs décès ont été recensés.

"Pas surprenant qu'il y ait des cas en France"

Si le virus n'a pour l'instant pas été repéré dans d'autres départements français, les Alpes-Maritimes, le Var, le Gard, l'Hérault et l'Ardèche sont particulièrement à risque. "Il suffit de regarder où la tique Hyalomma marginatum est installée, c'est-à-dire sur tout le pourtour méditerranéen. Donc le virus est d'ores et déjà probablement un peu partout" dans ces régions, prévient Sylvain Baize. D'autant que les tiques infectées, transportées par des oiseaux migrateurs depuis l'Afrique, survivent de mieux en mieux dans ces régions du sud en raison du réchauffement climatique. Dès lors, "il ne serait pas du tout surprenant qu'il y ait des cas en France", avance le chercheur à l'Institut Pasteur. 

Alors que sur les animaux contaminés, le virus n'a aucune conséquence, chez l'homme, une infection peut être mortelle dans 30 à 40% des cas. En plus de la piqure de tique, la maladie peut se transmettre directement du bovin à l'homme lors d'un contact direct avec le sang d'un animal infecté, même si cela reste beaucoup plus rare.

Pas de vaccin pour l'instant

Si le taux de mortalité chez l'homme est aussi élevé, c'est parce que le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo est assez difficile à détecter, et qu'il n'existe pour l'instant pas de vaccin ou de traitement. La plupart des personnes contaminées ont des symptômes assez communs (maux de tête, fatigue, douleurs abdominales, musculaires...). Mais dans les cas les plus graves, le patient développe des signes cliniques beaucoup plus sévères, comme des vomissements, de la diarrhée, ainsi que des ecchymoses sous-cutanées, représentatives de la maladie. À cela s'ajoutent des saignements du nez, des gencives, ou même du tube digestif. Ce qui peut mener au décès de la personne infectée.

Toutefois, quelques gestes simples peuvent limiter le risque de piqure de tique. L'Anses recommande de porter des chaussures fermées et des vêtements couvrants, notamment en forêt, d'éviter de marcher dans des herbes hautes et de bien s'inspecter en rentrant chez soi. En cas de piqure, détachez rapidement la tique à l'aide d'un tire-tique ou d'une pince fine, désinfectez la plaie puis surveillez la zone pendant plusieurs jours. En cas de symptômes, n'hésitez pas à consulter votre médecin.

Des précautions qui permettent aussi de se protéger contre la maladie de Lyme, également transmise par les piqures de tiques.