Tout au long de notre vie, la musique a des effets bénéfiques sur notre cerveau. 2:00
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Ugo Pascolo
Ce lundi dans "Sans Rendez-vous", le professeur de psychologie cognitive et co-auteur de La symphonie neuronale, Emmanuel Bigand, revient sur les effets bénéfiques de la musique sur notre cerveau à différents stades de la vie d'un être humain. 

Développement des neurones, aide à l'apprentissage, flexibilité cognitive... La musique, quel que soit le style, peut avoir des effets étonnants sur notre cerveau, avant même la naissance. Dans "Sans Rendez-vous" ce lundi, le professeur de psychologie cognitive et co-auteur de La symphonie neuronale, Emmanuel Bigand, dresse un bilan des effets que quelques enchaînements de notes peuvent avoir sur notre cerveau et son développement durant toute une vie. 

La musique aide les fœtus à développer des neurones

Avant même la naissance, la musique à des effets bénéfiques sur le fœtus, affirme Emmanuel Bigand au micro d'Europe 1. Il sait par exemple "reconnaître lorsque sa mère s'adresse à lui" grâce à des "éléments musicaux liés à la communication comme le rythme ou le changement de ton". Dès la 24ème semaine de gestation, stade auquel commence à se développer le système auditif, le fœtus sait donc analyser ces éléments sonores. Et comme il cherche naturellement à communiquer avec sa mère, "le fœtus a tout intérêt à développer des neurones pour la comprendre", explique le spécialiste. 

Plus surprenant, selon "des études qui restent à confirmer", le fœtus réagirait même à la musique avec des mouvements de bouche et de langue dès la 16ème semaine de développement. "Comme s'il était en train de répondre par la parole", précise Emmanuel Bigand. La musique pourrait donc être "un super stimulus du langage en aidant à la mise en place des schémas de communication" en vigueur dans notre société. 

Faire écouter de la musique à un bébé aide à son développement

Une fois le fœtus devenu bébé, la musique continue d'être un élément positif pour le cerveau humain en aidant au contrôle des émotions. C'est même un "élément essentiel au bon développement de bébé : s'il se retrouve seul face à ses angoisses, ce dernier va investir beaucoup d'énergie à les gérer, une énergie qu'il ne va pas mettre dans son développement." Pour le professeur de psychologie cognitive, la prise en charge émotionnel du bébé par la mère va donc devenir un enjeu de communication entre les deux, poussant ce dernier à développer des neurones pour mieux la comprendre. 

La musique favoriserait l'apprentissage de la lecture et de l'écriture

Si l'action de la musique sur l'apprentissage reste encore un domaine qui a ses zones d'ombre, Emmanuel Bigand pointe toutefois des études qui ont obtenu des résultats "très intéressants". Parmi elles, celle menée par l'université de Bourgogne sur des enfants en dernière année à l'école maternelle. En ayant participé à des ateliers musicaux toutes les semaines pendant deux heures, les collègues d'Emmanuel Bigand ont pu observer "des facilitations dans les acquisitions scolaires pour la lecture et l'écriture". Des bénéfices qui continuent donc des années après l'arrêt des ateliers. 

Écouter plusieurs styles musicaux pour avoir un cerveau "plus souple"

À l'âge adulte la musique peut avoir de nombreux effets, y compris anti-douleur pour des patients atteints de maladies chroniques. Mais la diversité musicale permet, elle, d'améliorer la flexibilité cognitive, c'est-à-dire le fonctionnement des synapses, qui permettent la communication inter-neuronale. En écoutant plusieurs styles musicaux régulièrement (et donc plusieurs tempos, sonorités, etc.) les neurones vont s'habituer à travailler avec un rythme différent, celui de la musique, ce qui va stimuler la connexion avec les synapses et favoriser "la flexibilité cognitive".  

>> À ÉCOUTER - L'intégralité de l'entretien du professeur de psychologie cognitive Emmanuel Bigand

Oui, la musique adoucit les mœurs

C'est certainement l'un des adages de la langue française les plus connus : "la musique adoucit les mœurs." Un proverbe qui est fondé, explique Emmanuel Bigand : "on pensait que le plaisir musical était purement intellectuel et sans substance, mais non. La musique change l'état biochimique du cerveau et peut stimuler les circuits de la récompense qui produisent de la dopamine, un neurotransmetteur essentiel dans la notion de plaisir." 

Mais ce n'est pas tout, en plus de "changer complètement la production hormonale en profondeur", ces modifications perdurent pendant plusieurs semaines". Alors pour prendre soin de votre cerveau, écoutez de la musique souvent et n'hésitez pas à partir à la découverte de nouveaux artistes.