Déserts médicaux : face aux critiques, Agnès Buzyn assure avoir pris le sujet "à bras-le-corps"

La ministre de la Santé défend son projet de loi dans le Journal du dimanche.
La ministre de la Santé défend son projet de loi dans le Journal du dimanche. © ludovic MARIN / AFP
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Antoine Terrel , modifié à
Dans le "Journal du dimanche", la ministre de la Santé répond aux critiques sur la persistance des déserts médicaux, et défend l'action du gouvernement. 

Le sujet est régulièrement revenu tout au long du grand débat national, aussi bien dans la bouche des habitants que de celle des élus. Alors que la France compte de moins en moins de médecins généralistes, les gouvernements successifs depuis plusieurs années peinent à lutter contre les "déserts médicaux", ces zones où les professionnels de santé se font rares. Critiquée par une partie des professionnels, notamment le Conseil national de l'ordre des médecins, la ministre de la Santé Agnès Buzyn défend son action dans les colonnes du Journal du dimanche, notamment son projet de loi. "J'ai pris ce sujet à bras-le-corps", assure-t-elle. 

"J'hérite de trente ans de politiques de réduction du nombre de médecins dont on paye le prix aujourd'hui", regrette la ministre, "une génération de praticiens part à la retraite et nous n'en avons pas assez formé pour les remplacer". Ainsi, assure-t-elle, "notre impératif est d'organiser autrement le système de santé". Et de rappeler avoir pris le sujet des déserts médicaux "à bras-le-corps" en lançant un plan d'urgence dès octobre 2017 puis la stratégie Ma Santé 2022, "dont le projet de loi sera examiné au Sénat en juin". 

"Nous allons créer des postes d'assistants médicaux" 

Un projet de loi qui ne convainc pas le Conseil national de l'ordre des médecins, dont le président Patrick Bouet estime dans le Journal du dimanche que "la prise de conscience politique ne semble pas avoir été suffisante". Critiquant un texte trop éloigné des réalités du terrain, il regrette "un énorme hiatus entre l'espoir suscitée par la promesse de réforme et les faits". 

Mais pour Agnès Buzyn, ce projet de loi "répond à cette démographie déclinante en réorganisant les tâches pour que les médecins puissent libérer du temps pour de nouveaux patients". "Nous allons créer des postes d'assistants médicaux, d'infirmiers en pratiques avancées, mais aussi des communautés professionnelles qui seront financées à l'échelon d'un territoire. En échange elles s'engageront à trouver un médecin traitant pour tous, à assurer les soins sans rendez-vous, à développer la télémedecine, à organiser la délégation de certaines tâches", détaille la ministre de la Santé. 

Pour les médecins qui restent en activité dans les zones difficiles, le gouvernement prévoit de favoriser le cumul emploi-retraite par des exonérations de cotisations retraites, et veut attirer les jeunes en créant des postes de salariés en ville. "400 sont en cours de recrutement", assure Agnès Buzyn. 

La ministre pas favorable à l'installation contrainte des médecins

Pour la ministre, les déserts médicaux ne sont pas "une fatalité", mais, estime-t-elle, "à condition de rendre l'exercice médical attractif". Et d'écarter toute contrainte à l'installation pour les médecins, à laquelle 84% des Français sont pourtant favorables, selon un récent sondage Ipsos. "C'est contre-productif (...) Dans tous les pays où la coercition a été testée, elle n'a pas fonctionné". 

La ministre de la Santé vante plutôt dans le JDD "l'incitation, la délégation". "700.000 vaccinations en pharmacie, c'est autant de consultations médicales libérées", avance-t-elle comme exemple. "Tout ce que nous mettons en place permettra de libérer 3 millions de consultations soit l'équivalent de 800 médecins généralistes supplémentaires pour soigner de nouveaux patients".