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Alors que plusieurs médias ont révélé que les "gilets jaunes" admis dans certains hôpitaux étaient répertoriés, la ministre de la Santé a nié tout fichage, jeudi matin sur Europe 1. 
INTERVIEW

"Il n'y a pas de fichage. Jamais je ne demanderai cela à un soignant. Jamais il ne l'accepterait." Invitée jeudi matin sur Europe 1, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a répondu aux accusations de "fichage" des "gilets jaunes" dans les hôpitaux. Depuis plusieurs semaines en effet, des médias, notamment Mediapart et Le Canard Enchaîné, révèlent que les "gilets jaunes" admis dans les hôpitaux en raison de blessures causées lors des manifestations sont répertoriés comme tels. La ministre, elle, assure qu'il ne s'agit que de l'utilisation normale d'un système informatique déclenché en cas d'afflux de patients.

Le système informatique SI-VIC en question

"Après les attentats de novembre 2015, où il y avait des difficultés à retrouver où étaient envoyées les victimes, il a été décidé de mettre en place un système informatique [appelé "SI-VIC", système d'information pour le suivi des victimes]. Lorsqu'il y a un afflux en masse de blessés, quelle que soit la cause, [cela sert] à savoir si un hôpital est submergé, pour pouvoir les orienter vers un autre hôpital", a détaillé Agnès Buzyn. Ce système permet aussi de "recueillir les noms des victimes pour les transmettre aux familles". Il est déclenché "selon les circonstances", comme par exemple lors de l'incendie de la rue de Trévise, ou des inondations dans l'Aude. Et ce n'est pas systématique lors d'une manifestation. La ministre a ainsi précisé qu'il n'avait pas été déployé par le 1er mai. 

Lors des mobilisations hebdomadaires des "gilets jaunes", "on ne sait pas si les patients qui arrivent ont été bousculées, sont des 'gilets jaunes' ou sont des journalistes. Ce n'est pas demandé", a assuré Agnès Buzyn. "Ce système informatique n'est pas vu et n'est pas accessible par le ministère de l'Intérieur. Et les informations ne restent pas une fois l'événement fini, le système est fermé." Reste que certains "gilets jaunes", ainsi que des médecins, accusent le système d'avoir été détourné de sa finalité. Le 13 avril dernier, l'urgentiste Gérald Kierzek dénonçait ainsi sur Twitter un "administrateur de garde" qui demandait si des "gilets jaunes" avaient été admis.

"Je pense qu'il y a un malentendu, que sa langue a fourché. Jamais il n'a été demandé si les gens étaient 'gilets jaunes'", s'est défendu Agnès Buzyn. "Je pense qu'il y a eu un problème d'information [de la part de l'administrateur]. Le ministère de la Santé ne demandera jamais de recueillir ce type d'information."

La communication erratique de l'AP-HP

La communication des autorités sanitaires sur la question a pourtant été fluctuante ces dernières semaines. Rejetant d'abord toute les accusations et précisant que la nature des blessures des personnes prises en charge n'était pas notée, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris a ensuite rétropédalé et reconnu que des informations sur les types de blessure, notamment celles causées par des flash-balls, avaient bien été inscrites par erreur dans le fichier. "Cela partait de bonnes intentions, dans l’intérêt des patients, de façon à ce qu’ils soient bien pris en charge", a assuré François Crémieux, le directeur général adjoint de l'AP-HP, sur Europe 1.