Des lettres et un message caché : d'où vient l'échelle Monoyer utilisée en ophtalmologie ?

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David Castello-Lopes, édité par Antoine Cuny-Le Callet
Chez l'ophtalmologue, l'essentiel de l'examen consiste à lire sur un tableau des lettres de différentes tailles. La méthode mise au point par Ferdinand Monoyer a vu le jour à la fin du 19e siècle et est toujours utilisée aujourd'hui. Europe 1 vous raconte l’histoire de cette invention.

Que vous vous rendiez chez l’ophtalmologue pour un suivi régulier ou un simple contrôle de routine, vous aurez remarqué le cérémonial entourant les tests de la vue. Vous recevrez un petit souffle d’air dans l’œil pour vérifier que les réflexes sont toujours là, mais vous serez sans doute aussi amenés à lire des lettres de taille décroissante sur ce que l’on appelle un tableau optométrique. La manière dont vous les déchiffrez permettra de savoir quel est le niveau de votre vue. Cet outil n’a pourtant pas toujours existé : voici son histoire.

Les symboles avant les lettres

Au 18e siècle, la correction de la vue se faisait de manière assez artisanale. Les personnes souffrant de problèmes de vue devaient effectuer le diagnostic elles-mêmes. Elles essayaient alors des lunettes une à une jusqu’à trouver celles avec lesquelles elles étaient le plus à l’aise. Quelques marchands donnaient des indications, malheureusement très peu fiables, en grattant sur un coin des verres un âge auquel les lunettes étaient les plus recommandées. Ils partaient du principe qu’à une classe d’âge correspondait un problème de vue.

Au milieu du 19e siècle, en Hollande, le docteur Franciscus Donders eut l’idée de prendre une liste de formes standardisées, de les placer à une distance fixe des patients et de leur demander ce qu’ils voyaient. Le principe des tests de vue était né. Pourtant, ces derniers usaient de symboles et non de lettres, rendant l’exercice un peu trop facile et souvent faussé. En très peu de temps, l’usage des lettres s’impose… pour ne plus jamais changer.

Double acrostiche

A la même époque, et sans qu’un lien entre les deux découvertes soit attesté, le médecin français Ferdinand Monoyer met au point un test reprenant le même principe. A ceci près qu’il mêle les lettres en gros et en petits caractères. Le test Monoyer est toujours utilisé aujourd’hui par les ophtalmologues français. 

Facétieux, Ferdinand Monoyer a caché un petit message dans son invention. Dans sa forme standardisée, son test présente de grandes lettres en bas et de plus petite en haut... et un double acrostiche. Aux débuts de chaque ligne, la lecture des lettres de bas en haut fait figurer : F – E – R – D – I – N – A – N – D. A la fin, le même schéma figure M – O – N – O – Y – E – R. Vous l’aurez compris, non content de mettre au point un test qui lui survit plus de cent ans après, Ferninand Monoyer a décidé d’y figer son propre nom pour l’éternité.