Ferme vache élevage 1:31
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Virginie Salmen, avec AFP, édité par Mathilde Durand
L'utilisation d'antibiotiques sur les animaux d'élevage et de compagnie a globalement baissé en 2019 en France, selon les chiffres dévoilés par l'Anses. Depuis 2011, l'exposition des espèces à ces traitements a même diminué de 45,3%. Mais il reste des efforts à faire, notamment en changeant les méthodes vétérinaires et d'élevage. 

Depuis 2011, l'utilisation d'antibiotiques sur les animaux de compagnie et d'élevage a baissé de 45,3%, selon les chiffres publiés ce mercredi de l'Agence française de sécurité alimentaire et sanitaire (Anses). Dans le détail, après avoir marqué une pause en 2018 dans sa forte baisse engagée depuis le début des années 2010, "l'exposition globale des animaux [aux traitements antibiotiques] a diminué de 10,9% entre 2018 et 2019", souligne le rapport. L'antibiorésistance animale est un enjeu crucial pour l'homme : des bactéries résistantes peuvent passer dans notre alimentation et rendre nos antibiotiques inefficaces.

Améliorer les conditions de vie des animaux 

Cette décroissance régulière passe par un changement des méthodes vétérinaires. Ces derniers ne donnent plus d'antibiotiques que quand les animaux sont malades. Une évidence, qui n'était pourtant pas en vigueur jusque dans la fin des années 1990 : beaucoup de porcs, veaux ou poulets étaient élevés en prenant des traitements, pour pallier de mauvaises conditions d'élevage.

C'est la solution préconisée : améliorer la vie des animaux pour qu'ils tombent moins malades. "Le petit poussin est un animal très fragile. Si on le maintient dans des bonnes conditions de température, avec une alimentation appropriée, on a moins de chance qu'il ait des pathologies digestives puis des pathologies respiratoires", explique par exemple Gilles Salvat, directeur général délégué à la recherche à l'Anses.

Renforcer les défenses immunitaires 

Il est également possible de prévenir les maladies en donnant aux animaux des probiotiques, pour renforcer leurs défenses immunitaires, ou encore de la phytothérapie, c'est-à-dire des plantes. "Cela peut être de l'extrait de plantes délivré par l'eau de boisson, des huiles essentielles également administrées par eau de boisson, cela peut être des plantes dans l'alimentation", liste Gilles Salvat. "C'est très utilisé dans l'agriculture biologique. Ce ne sont pas des solutions qui vont remplacer les antibiotiques, qui ne vont pas forcément soigner un animal gravement malade d'une maladie infectieuse, mais cependant cela permet une meilleure défense de l'animal vis-à-vis de ces maladies."

L'Anses appelle à un changement en profondeur de certaines pratiques d'élevages, sinon cette baisse de l'exposition risque de stagner. Dès 2012, la France avait lancé un plan "EcoAntibio", relancé jusqu'en 2021, pour limiter le recours à ces traitements. Selon un rapport de l'agence européenne de surveillance de la consommation des antimicrobiens (ESVAC) publié en automne, l'Hexagone figure à la 14e place du classement des bons élèves, mais avec des résultats inférieurs à la moyenne européenne. Autre défi à relever : faire baisser la consommation d'antibiotiques chez les humains, qui représente, en France, près du double des volumes à usage vétérinaire