Au Royaume-Uni, les chiffres des contaminations baissent depuis plusieurs jours. 2:40
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Anaïs Cordoba et Angèle Chatelier, édité par Antoine Terrel , modifié à
Alors que le Royaume-Uni a traversé une forte vague épidémique attribuée au variant Delta, une baisse régulière du nombre de cas y est constatée depuis plusieurs jours. Sur place, on oscille entre prudence et optimisme. Mais en France, les spécialistes préviennent qu'il est trop tôt pour tirer des conclusions de la situation outre-Manche. 
DÉCRYPTAGE

Actuellement touchée par une flambée des contaminations causée par le variant Delta, la France doit-elle regarder de l'autre côté de la Manche pour espérer ? Dans plusieurs pays d’Europe, malgré un relâchement des restrictions, l’épidémie de Covid-19 recule. C’est le cas au Royaume-Uni, où depuis la levée totale des restrictions il y a neuf jours, les contaminations diminuent quasiment tous les jours. Une situation qui étonne les experts les plus optimistes sur place, mais dont il est trop trop tôt pour tirer des conclusions pour la situation française. 

De l'autre côté de la Manche, les bonnes nouvelles quotidiennes sont d'ailleurs accueillies avec prudence. Malgré la liberté retrouvée et ce ralentissement de l'épidémie, il sont nombreux à garder le masque et à éviter les grands rassemblements, comme ces deux Londoniens interrogés par Europe 1. "Personne ne sait ce qu'il va arriver et pourquoi ça arrive, donc je pense que c'est mieux de rester prudent", dit la première. "Ça continue de baisser et c'est bien, mais il faut attendre de voir ce qu'il va se passer", tempère l'autre. 

Des experts anticipent le déclin durable de l'épidémie

Depuis le 17 juillet, le Freedom Day, les nouvelles infections ont baissé chaque semaine de 21% au Royaume-Uni. Plusieurs facteurs seraient en jeu : moins de personnes qui se testent, une météo plus clémente, et les vacances scolaires. Mais pour de nombreux experts, ces chiffres indiquent un déclin durable de l'épidémie.

Sur la BBC, Neil Ferguson, conseiller scientifique du gouvernement, va jusqu'à parler du début de la fin. "L'équation a fondamentalement changé. Les effets du vaccin ont considérablement réduit le risque d'hospitalisation et de mort", estime-t-il. Et d'ajouter : "Je suis positif pour me dire que fin septembre-octobre, nous aurons toujours le Covid, des gens qui mourront, mais que le pire de la pandémie sera derrière nous."

"Difficile de faire des comparaisons internationales"

Forcément, de tels chiffres sont scrutés de très près en France, où la flambée des contaminations se poursuit avec 27.934 enregistrées mercredi, soit le chiffre le plus haut depuis la fin avril. Dans l'Hexagone, la situation n'est donc pas aussi encourageante. Le taux d’incidence y est aux alentours de 190 pour 100.000 habitants et par semaine, le nombre de reproduction, c’est-à-dire le nombre de personnes qui sont infectées par une personne malade, a augmenté, et est supérieur à deux. Pour autant, la tension hospitalière reste en dessous des 20%, ce qui signifie que nous sommes entre très loin d’une saturation des lits de réanimation pour les patients Covid.

Contacté par Europe 1, Philippe Amouyel, professeur de santé publique à l’Université de Lille, pense "qu'il est difficile de faire des comparaisons internationales", et rappelle que la France compte environ quatre semaines de retard par rapport au Royaume Uni, et ce alors que chaque pays n’a pas mis en place les mêmes contraintes sanitaires.  "L'épidémie n'a pas démarré au même moment dans tous les pays", fait remarquer ce spécialiste. "Si vous prenez l'exemple de certains pays comme le Royaume-Uni ou l'Espagne, ce sont des pays qui ont commencé près d'un mois et demi avant nous le développement de leur épidémie à partir du variant Delta."

"On est au début de ce qu'a connu le Royaume-Uni"

D'autre part, ajoute Philippe Amouyel, "les mesures qui sont prises dans chacun des pays diffèrent". En France, poursuit-il, "on est au début de ce qu'ont connu des pays comme le Royaume-Uni". Pour autant, dit-il encore, "on est dans de relativement bonnes conditions, puisqu'il y a une forte volonté de vaccination en France". "On n'a pas encore atteint des seuil suffisamment élevés comme ceux qu'on connaît au Royaume-Uni. On peut espérer réduire l'impact de cette vague, mais il va falloir quand même attendre de voir ce qui va se passer en hospitalisation et en réanimation dans les prochaines semaines." Et cela reste aussi conditionné au taux de vaccination des Français. Pour l’instant, plus de la moitié d’entre eux le sont déjà.