Les Etats-Unis multiplient les commandes pour maximiser les chances d'obtenir un vaccin rapidement. 1:53
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Pauline Jacot, édité par Margaux Baralon , modifié à
La guerre du vaccin contre le coronavirus est à son comble, avec des Etats qui investissent massivement dans la recherche et seront prioritaires pour recevoir les doses. Les États-Unis, notamment, déboursent des milliards. Une question de leadership, mais aussi d'économies à long terme.

La guerre du vaccin contre le coronavirus fait rage. Alors que différents laboratoires en sont encore aux phases de tests, une compétition farouche entre les Etats s'est engagé pour tenter de s'assurer un accès aux doses. L'Union européenne a annoncé vendredi en avoir réservé 300 millions auprès de Sanofi et poursuivre des "discussions intensives" avec d'autres fabricants. Du côté des États-Unis, c'est un accord à plus de 2 milliards de dollars qui a été passé avec le Français, mais aussi le Britannique JSK, pour financer leurs recherches. Car c'est la stratégie de Donald Trump : multiplier les commandes dans plusieurs laboratoires pour maximiser les chances d'obtenir un vaccin qui fonctionne. 

Mais alors pourquoi poursuivre cette (coûteuse) ligne de conduite ? D'abord pour des raisons économiques : certes, cela coûte cher, mais on voit tous les jours l'impact dramatique de la pandémie sur le PIB des pays et la croissance mondiale. La France a enregistré un plongeon historique de 13,8% de son produit intérieur brut au deuxième trimestre à cause du coronavirus. L'Allemagne, le moteur économique de l'Europe, a elle aussi annoncé jeudi une baisse de 10,1%, de son PIB sur la même période.

Les Etats-Unis à la recherche d'un leadership mondial

La seconde raison est géopolitique. "C'est une course contre la montre pour s'assurer d'un leadership mondial pour les Etats-Unis", explique Frédéric Bizard, économiste de la santé. "C'est moins le cas pour les autres puissances qui essaient d'avoir une approche collaborative. Ce n'est pas le cas des Etats-Unis car c'est la première puissance mondiale et qu'ils doivent être les premiers servis." L'Europe ne peut donc pas se montrer inactive vis-à-vis de ses citoyens, selon l'expert. On est obligé d'être partie prenante dit-il, même si l'Union européenne a pris du retard dans cette course folle menée par les Etats-Unis.

 

Mais ces accords passés garantissent-ils une exclusivité aux Etats ? Cela dépend évidemment de la nature des accords, mais aussi du prix final de ce ou ces vaccins. Ce qui est certain, c'est qu'il y aura des pays prioritaires. Si l'on prend l'exemple d'un vaccin à 20 dollars, les pays en voie de développement ne pourront pas acheter massivement des doses. Il faudra donc absolument, selon les spécialistes, l'appui de l'aide internationale.