Comment faut-il analyser ses rêves érotiques ?

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R.D.
Chaque dimanche de l'été, Europe 1 répond à vos interrogations les plus intimes dans son magazine de la santé, de 10h à 11h.

Tous les dimanches cet été, à partir de 10 heures, retrouvez sur Europe 1 votre magazine santé présenté par Mélanie Gomez. Sexualité, sentiments, épanouissement personnel… Catherine Blanc, sexologue et psychanalyste à Paris, répond sans tabou à la question plus ou moins intime d’un(e) auditeur(ice). Retrouvez son conseil sexo du jour :

La question de Justine, 36 ans

"Bonjour, je crois pouvoir dire que dans mon couple, tout va bien. On a une sexualité épanouie, mais je m’interroge, car je rêve très souvent d’autres hommes, que je ne connais pas forcément d’ailleurs, avec qui c’est très torride. Pensez-vous que cela soit le signe d’une lassitude sexuelle dans mon couple, dont je n’aurais pas conscience ?"

Les conseils de Catherine Blanc

"On a tendance à toujours vouloir interpréter les rêves au premier degré : 'Je rêve de quelqu’un d’autre, c’est que j’ai envie réellement de ce quelqu’un d’autre'. Or, soyons rassurés, car il nous arrive de rêver de certaines personnes dont on se demande vraiment comment elle ont pu nous passer par la tête.

La question des rêves, c’est la question de l’interrogation psychique, c’est-à-dire tout ce qui nous préoccupe. Pas nécessairement de savoir si je suis bien dans mon couple, mais plutôt la question de ma sexualité, mon érotisation. Ça peut être, par exemple, parce que je ne m’exprime pas beaucoup dans mon désir, et dans mes nuits, je me permets d’être scénariste de l’érotisation. Donc j’utilise des éléments, qui sont arrivés dans les 72 heures qui ont précédé ma nuit. Ça peut être mon patron, une personne que j’ai croisée dans la rue, un film que j’ai vu.

Un rêve sexuel, ça peut raconter par exemple des difficultés de se positionner, de son pouvoir personnel, ou d’agressivité. Ça peut être des tas de choses, comme d’ailleurs les rêves qui ne sont pas érotiques peuvent raconter beaucoup d’érotisme, au contraire.

Justine se pose la question de sa liberté de fantasmer des choses, de lâcher des choses de son expression sexuelle. Mais ce qui est plus intéressant de savoir, ce n’est pas avec qui ou de qui elle rêve, c’est de quoi elle rêve, de quelle situation ? Elle peut, à l’infini, trouver un casting incroyable, mais ce n’est pas tellement les personnes qui sont importantes que les scénarios qu’elle met en place.

Ça peut être parce que justement notre vie diurne manque furieusement d’érotisation et que seule la protection de la nuit permet de le faire. Du coup, ça se fait de façon assez récurrente. Nous rêvons de façon systématique. Dès que nous sommes très répétitifs, c’est parce qu’on essaye de solutionner quelque chose et qu’on y parvient pas. En général, par manque, par frustration, pas forcément de la relation, mais par frustration individuelle.

Faut-il en parler ? Ce n’est pas à moi de le dire. Chacun connaît son partenaire. Selon la curiosité que nous avons les uns et les autres à intellectualiser, comprendre, chercher dans le dédale de la construction psychique, c’est tout à fait audible. Mais dans la mesure où la relation serait fragile, avec une femme qui doute d’elle-même, qui doute de l’intérêt d’être sexy et attirante pour vous, pouvoir en parler est susceptible de la fragiliser plus qu’autre chose."