Un ulcère ne provoque pas nécessairement des douleurs.  4:16
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Ugo Pascolo
Invité de "Sans Rendez-vous", le docteur Jean-Jacques Raynaud, gastro-entérologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny fait le point sur les ulcères digestifs, dits "gastroduodénaux". Ces "trous" dans l'estomac ou la première partie de l'intestin grêle peuvent être à l'origine d'une hémorragie. 

C'est un terme médical tellement populaire qu'il est entré dans le langage courant : l'ulcère. Dans "Sans Rendez-vous" jeudi, le docteur Jean-Jacques Raynaud, gastro-entérologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny, en région parisienne, fait le point sur l'ulcère gastroduodénal, cette "sorte de trou provoquant une perte de substance [de suc gastrique, ndlr] pouvant aller jusqu'à perforer l'organe sur lequel il se forme et créer une hémorragie". Une pathologie qui peut toucher aussi bien l'estomac que la première partie de l'intestin grêle, et qui concerne environ 0,2% de la population adulte française selon ameli.fr.

Trois causes principales à l'origine d'un ulcère gastroduodénal

Il y a "trois causes principales" qui provoquent un ulcère gastroduodénal, selon le spécialiste. Dans environ un tiers des cas, "il est dû à des prises de gastrotoxiques", c'est-à-dire des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l'aspirine. L'ulcère est alors dit médicamenteux. Mais dans la majorité des cas, "40%" détaille Jean-Jacques Raynaud, c'est l'Helicobacter pylori qui est à l'origine de cette pathologie. Cette bactérie permet la formation d'une inflammation qui peut se transformer en ulcère. Elle "s'attrape dans l'enfance, souvent entre 0 et 5 ans, par voie orale", et peut devenir un passager clandestin dans notre organisme à vie.

Mais contracter l'Helicobacter pylori n'est pas forcément synonyme d'ulcère. Selon ameli.fr, "15% à 30% de la population est porteuse du germe et 10% des personnes infectées développent un ulcère". Pour le reste des cas d'ulcères, Jean-Jacques Raynaud botte en touche concernant leurs origines. "On ne sait pas, on cherche mais on ne trouve pas." Néanmoins, le site de l'Assurance maladie avance quelques pistes comme le tabagisme, l'alcool, le café, le thé, les maladies cardiovasculaires ou encore certains prédispositions génétiques. 

Des symptômes pas toujours simples à identifier... 

Outre les symptômes classiques d'un ulcère, comme une sensation récurrente de brûlure, des éructations, voire des crampes ou une faim douloureuse, détecter cette perte de substance est loin d'être simple. "Dans 50% des cas, il n'y a pas de symptômes et on le découvre par hasard ou lorsqu'il y a des complications", affirme Jean-Jacques Raynaud. C'est pour cela qu'il ne faut pas hésiter à aller consulter son médecin généraliste si une douleur "dépasse une semaine". 

... et un traitement essentiellement médicamenteux

Reste que venir à bout d'un ulcère gastroduodénal se fait essentiellement par "un inhibiteur de la bombe à protons". Un médicament qui va "couper" l'acidité de l'estomac et qui va permettre la cicatrisation de l'ulcère en "4 à 6 semaines". Un processus qui demande par ailleurs un arrêt du tabac si le malade est fumeur, car il empêche la cicatrisation. Ensuite, si la bactérie Helicobacter pylori est à l'origine du mal, le patient se voit prescrire un traitement spécifique qui va se coupler à quelques restrictions comme l'arrêt de la prise d'anti-inflammatoires non stéroïdiens. Et le docteur Jean-Jacques Raynaud de rassurer : "ça se soigne bien."