Allergies aux pollens : les "remèdes de grand-mère" sont-ils vraiment efficaces ?

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Jus d’oignon, tisane d’orties, estragon… Peut-on faire confiance à ces "astuces" face au pic d’allergies que connaît la France cette semaine ?  

Comment lutter contre le rhume des foins ? Jusqu’à vendredi, l’ensemble de l’Hexagone est placé en alerte orange ou rouge pour les risques d’allergies liés au pollen, selon la classification du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). Pour aider à soulager les 30% d’adultes et les 20% d’enfants qui en souffrent en France, chacun y va de son petit conseil. Jus d’oignon, tisane d’orties, estragon… Les "remèdes de grand-mère" ne manquent pas. Mais peut-on vraiment leur faire confiance ?

"Ce n’est pas parce que c’est naturel que c’est bon !", prévient d’emblée Sophie Silcret-Grieu, médecin allergologue et co-auteure de "Docteur, on m’a dit que… Ou la vérité sur les croyances et les idées reçues médicales". " 90% des allergies sont dues à quelque chose de naturel. Il y a donc trois cas de figures : certaines choses peuvent aider, apporter une forme de soulagement. Il y en a d’autres sur lesquelles on ne sait rien, qui n’ont jamais démontré leur utilité. Et d’autres, enfin, qui peuvent carrément être dangereuses", poursuit la médecin, interrogée par Europe1.fr.

" Si vous avez une allergie grave, une tisane ne suffira pas "

Parmi les remèdes de grand-mère qui peuvent aider à soulager les victimes du rhume des foins, on trouve ainsi les tisanes. Thym, orties, menthe poivrée, Sureau, thé vert mélangé avec du poivre de Cayenne… Tous ces produits pris en infusion peuvent aider à dégager les voies nasales ou orales. "Les tisanes soulagent les voies respiratoires, notamment grâce à aux vapeurs d’eau, tout comme les produits au miel pour la gorge. Cela permet d’améliorer un peu le confort", commente Sophie Silcret-Grieu. Avant de mettre en garde, illico : "Attention, cela ne doit jamais vous dispenser de faire un bilan allergologique. Si vous avez une allergie grave, dont certaines peuvent engager le pronostic vital, une tisane ne suffira pas à vous soigner".

 

>> Pour avoir d'avantage de renseignements, vous pouvez vous rendre sur le site de l'association Asthme et allergies ou contacter leur numéro vert via le 0800 19 20 21

Parmi les choses qui peuvent être très dangereuses, en revanche, il y a les huiles essentielles. Cèdres du Liban, estragon, camomille, eucalyptus radié, lavande aspic… De nombreux extraits de plante sont réputés pour apaiser un peu vos allergies. Mais selon la médecin allergologue, il est tout de même préférable de s’en passer. "Les huiles essentielles que l’on trouve dans le commerce peuvent contenir beaucoup de composés organiques volatiles, type citronnelle, limonene etc. Cela peut irriter fortement les voies respiratoires", prévient-elle.

>> La carte de France de la vigilance aux pollens :

Au-delà des tisanes et des huiles essentielles, certains mettent aussi en avant les effets bénéfiques des aliments. Sur le site Top Santé, on trouvera par exemple une recette de jus d’oignon, qui permettrait d’extraire les vertus de ce légume réputé pour ses "propriétés anti-inflammatoires et riches en vitamine C".  Autant de caractéristiques qui permettraient de lutter contre la rhinite allergique, et que l'on retrouveraient dans les pommes, qui "comme les oignons contiennent de la quercétine, un flavonoïde qui réduit la production d'histamine", responsable de la rhinite.

Selon le site Grands-meres.net, le vinaigre de cidre aurait encore les mêmes propriétés. D’autres voient dans la noix des propriétés susceptibles de diminuer les accès de toux ou de respiration sifflante. D’après grands-mamans.com, enfin, les agrumes (et la vitamine C en générale) permettraient enfin de stimuler le système immunitaire face aux allergies.

" Je préfère l’homéopathie qu’un jus d’oignon "

Comment séparer le bon grain de l’ivraie ? "Absolument rien ne prouve que ces aliments ont des effets", tranche Sophie Silcret-Grieu. Si cela vous fait du bien, rien ne vous empêche d’en consommer. Mais attention à ne pas y être… allergique. La pomme, les noix voire mêmes certains agrumes peuvent entraîner de fortes réactions. "La moitié des personnes qui sont allergiques au pollen sont aussi allergiques à certains fruits. Avant de vous lancer dans un nouveau remède de grand-mère, vérifiez donc que vous n’y êtes pas allergique ! Pareil pour les intolérances. Si vous avez souvent mal au ventre, des ballonnements, demandez l’avis d’un spécialiste avant de vous jeter sur n’importe quoi !", prévient la spécialiste.

Pour un diagnostic complet de vos allergies, il est donc vivement conseillé d’aller faire un bilan chez un médecin-allergologue. Après un interrogatoire détaillé et des tests cutanés (et si besoin une prise de sang en complément), vous aurez déjà une vision plus précise de ce qui vous fera (vraiment) du bien ou non. Quant aux traitements, il n’existe actuellement aucun remède miracle. Pour vous soulager, les plus efficaces restent les antihistaminiques ou les gouttes prescrits par votre médecin. Il est également recommandé de suivre un traitement de désensibilisation quelques mois avant la période de pics (dès le mois de janvier pour être prêt en mai, par exemple).

Enfin, en complément de votre traitement médicamenteux, vous pourrez prendre de l’homéopathie sans risques. "Aucune étude n’a jamais démontré l’impact de l’homéopathie avec certitude. Mais certaines personnes semblent bien y être sensibles, positivement", reconnaît Sophie Sicret-Grieu. Et de compléter : "Il est difficile de savoir ce qui relève de la perception ou d’un réel impact. Mais ce qui est sûr, c’est que c’est sans danger. Donc si ça vous fait du bien, vous pouvez continuer d’en prendre. Je préfère ça qu’un jus d’oignon".