Des jeux-vidéo pour lutter contre la dyslexie

© Star Wars The Old Republic
  • Copié
Alexis Toulon
Les dyslexiques auraient du mal à associer le son et les lettres, ce qui freinerait l’apprentissage de la lecture, mais les jeux-vidéo peuvent améliorer leur attention.

En France, entre 5% et 10% des enfants scolarisés se rendent chez un orthophoniste pour les aider à lutter contre le dyslexie, un trouble de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Une étude de chercheurs de l’Université d’Oxford, publiée dans la revue Current Biology, avance que la dyslexie ne serait pas uniquement due à un problème de phonologie (isoler les sons qui composent un mot) et que dans certains cas le problème viendrait d’une asymétrie de traitement entre les lettres et les sons par le cerveau. Autrement dit, les enfants ne parviennent pas à se concentrer suffisamment pour intégrer à la fois des sons (ouïe) et des lettres (vue). Pour les aider, les jeux-vidéo pourraient se révéler être un élément clef de la rééducation.

De l’action pour accélérer les associations. Les chercheurs anglais ont comparé les temps de réaction de 36 individus, 17 souffrant de dyslexie et 19 non-dyslexiques, à l’exposition à un flash de lumière. Ils ont ainsi constaté que la vitesse de réaction des dyslexiques était inférieure à ceux qui ne l’étaient pas. Ainsi, un moyen de lutter contre cette forme de dyslexie passerait par l’amélioration du temps de traitement d'une double information. Les jeux-vidéo d’action seraient donc des outils idéals pour forcer les dyslexiques qui souffrent de d’un trouble d’assimilation des sons et des images à se concentrer. Car lors d’une partie, le cerveau est obligé de traiter très rapidement des informations auditives et visuelles aléatoires.

Des images du jeu vidéo Medal of honor. 930620

© ELECTRONIC ARTS

"L'idée selon laquelle les jeux vidéo aideraient les dyslexiques est tout à fait nouvelle et va plutôt à l'encontre des études sur la dyslexie, qui jusqu'à présent était considérée comme un trouble phonologique provoquant des difficultés à percevoir les transitions entre les sons dans le discours", expliquait James Gee de l'université d'Arizona lors du festival Game for Change en 2012. Ce chercheur et son équipe avaient découvert en 2013 que des enfants dyslexiques montraient une amélioration de leurs capacités de lecture après avoir joué douze heures sur une période de deux semaines à des jeux vidéos.

Une méthode de rééducation déjà utilisée. Un enthousiasme que tempère Peggy Gatignol, orthophoniste et directrice du centre de formation de la Pitié Salpétrière, auprès d’Europe1.fr : "Attention, il y a plusieurs formes de dyslexies". En effet, les spécialistes différencient plusieurs processus dans le cadre de cette maladie. "On peut être dyslexique et avoir un problème d’attention, ou pas", assure Peggy Gatignol. Or, pour ceux qui sont touchés par des troubles d’attention, travailler sur le développement de la vélocité de faire correspondre deux tâches n’a rien de nouveau. "Des logiciels ont été créés depuis des années et ils sont très utilisés en rééducation", assure l’orthophoniste. En effet, le côté ludique du jeu est un moyen efficace de lutter contre les problèmes d’attention. Mais ils n’ont aucun effet sur les autres problèmes liés à la dyslexie.

Un processus inverse à la lecture. "Nous pensons également que les dyslexiques apprendraient plus facilement les associations entre les sons et les lettres s'ils entendaient d'abord un son puis voyaient les lettres qui leur correspondent", explique Vanessa Harrar, auteur de l'étude anglaise. Or, ce processus est à l’inverse de l’apprentissage classique de la lecture où la personne reçoit dans un premier temps une information visuelle avant de la transformer en son par exemple.

sur le même sujet, sujet,

ZOOM - Non, les élèves ne sont pas tous malades

CONSOLES - Les 8 jeux vidéo les plus attendus en 2014