Emmanuel Macron 2020 1:50
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Mathilde Durand
Emmanuel Macron a adressé mardi ses vœux aux Français. Il a affirmé que la réforme des retraites serait "menée à son terme". Jean-Daniel Lévy, directeur du département "Politique et Opinion" de l'institut de sondage Harris Interactive, analyse l'allocution du chef de l'Etat, pour Europe 1. 
INTERVIEW

Mardi soir, le président de la République, Emmanuel Macron, a adressé ses vœux aux Français pour la nouvelle année. Un exercice imposé et attendu, qui n'a pas réussi à convaincre les syndicats et les partis politiques, dans un contexte de mobilisation sociale contre la réforme des retraites. Mais a-t-il convaincu ses électeurs, à quelques années des prochaines présidentielles ? Jean-Daniel Lévy, directeur du département "Politique et Opinion" de l’institut de sondage Harris Interactive, décrypte pour Europe 1 le discours d’Emmanuel Macron.

Une répartition claire des tâches

Il ira jusqu’au bout. Le président de la République a annoncé que la réforme des retraites serait menée à son terme. Une détermination, et un message affiché pour le Premier ministre. "J'attends du gouvernement d’Edouard Philippe qu'il trouve la voie d'un compromis rapide, dans le respect des principes que je viens de rappeler". Pour Jean-Daniel Lévy, si ce n'est pas un ultimatum, c'est une répartition claire des tâches.

"On a parfois considéré que le président de la République n'intervenait pas tellement au cours des derniers jours, voire semaines, dans le cadre de la réforme des retraites", commente le sondeur. Le Premier ministre Edouard Philippe est en première ligne. "Emmanuel Macron revient vraiment à l'esprit des institutions de la cinquième République : un président qui fixe le cap et un Premier ministre qui fait en sorte qu'il puisse y avoir l'application des principales orientations." 

Une stratégie qui permettrait peut-être au chef de l’Etat d'avoir une certaine marge de manœuvre. "Il peut intervenir si jamais il y a une conflictualité plus importante. Et si la mobilisation sociale devait perdurer, le président de la République pourrait revenir en deuxième lame."

Séduire à nouveau l'électorat de gauche

En utilisant les termes "justice" et "progrès social", Emmanuel Macron s'adresse à la CFDT mais également à une partie bien particulière de son électorat. "Les Français qui viennent de la gauche, qui ont voté pour lui au premier tour et qui se désolidarisent du président de la République", analyse Jean-Daniel Lévy. "On le voit aussi bien dans les enquêtes d’opinion, qu'au cours des dernières élections européennes où l'électorat d'Emmanuel Macron venant de la gauche a tendance à se distancier du président de la République."

Sans évoquer l'âge pivot ou encore la pénibilité, Emmanuel Macron a fait une tentative pour être plus consensuel, selon le sondeur. "Tout en martelant et la fermeté et l’ambition de réforme qui est la sienne." 

Le chef de l'Etat tente également de consolider ses électeurs de base, qui apprécient son action, en évoquant implicitement la prochaine élection présidentielle. Il a également assuré que ce n'est pas au bout de trois ans de mandat qu'il allait s’arrêter. "Un des points où les Français qui l'apprécient lui reconnaisse le plus d’actions : l'entreprise de réforme, le fait de mettre la France en mouvement ou d'appliquer son programme présidentiel."

Une allocution à deux versants sur un équilibre du "en même temps", pour le président de la République. "Il a une volonté de rassembler une partie de l'électorat du premier tour mais aussi de conforter les électeurs qui viennent de la droite", explique Jean-Daniel Lévy. "Et qui se disent : 'Au moins ce que fait Emmanuel Macron, cela n'a pas été fait par les dirigeants précédents'."