Laurent Nunez 2:05
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Manon Fossat , modifié à
Quelques jours après la mort du policier Eric Masson à Avignon sur un point de deal, Laurent Nunez, coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, était l'invité d'Europe matin, mardi. Il a assuré qu'en France, il n'y a pas de lien entre les trafiquants de drogue et le terrorisme islamiste.
INTERVIEW

Dix jours après la mort d'une agente administrative tuée au commissariat de Rambouillet par un Tunisien qui se serait radicalisé, celle d'Eric Masson, un policier de 36 ans, sur un point de deal, a déclenché une vague "d'écœurement" chez les policiers. Invité d'Europe Matin mardi, Laurent Nuñez, coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, a estimé que de manière globale en France, un lien ne pouvait pas être établi entre trafic de drogue et terrorisme.

"Pas de profils hybrides"

"Il n'y a pas de lien entre les trafiquants de drogue et le terrorisme islamiste. Ce lien là n'existe pas, a-t-il assuré. Il n'y a pas de profils hybrides, c'est-à-dire des individus qui pourraient financer des actions terroristes avec des actions de délinquance de droit commun comme du trafic de stupéfiants. En réalité, ça n'existe pas", a jugé le haut fonctionnaire. 

Pour lui, cela a pu exister dans d'autres pays - ou en France par le passé -, mais ce n'est plus le cas à l'heure actuelle. "Avant, on avait des groupuscules terroristes d'ultra-gauche qui finançaient leurs actions par des braquages. Et nous sommes très attentifs au fait que les choses ne dégénèrent pas en ce sens. Mais ça n'empêche pas qu'il y ait certains profils qui puissent passer de l'un à l'autre", a poursuivi Laurent Nuñez, rappelant les frères Kouachi, notamment.

"Une réelle prise à partie des forces de l'ordre"

"Partout où les forces de l'ordre luttent contre les trafics de stupéfiants, elles dérangent et elles gênent. Je l'ai notamment vécu lorsque j'était préfet de police à Marseille et même dans d'autres fonctions en Seine-Saint-Denis. Et comme nous sommes présents partout, nous dérangeons beaucoup et cela entraine des réactions qui peuvent prendre la forme de violences urbaines ou de prise à partie des fonctionnaires de police", a-t-il encore estimé.

Le coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme a également constaté une montée en puissance de ces violences contre les policiers. "Il y a une réelle prise à partie, il fallait réagir fermement et le Premier ministre a annoncé des mesures très fortes", a-t-il dit. Jean Castex a en effet annoncé lundi soir un durcissement des peines encourues par les agresseurs de policiers et de gendarmes, sous la pression de syndicats de police.

En cas de violences, mais aussi de refus d’obtempérer, les peines seront augmentées de "deux à trois ans de prison supplémentaires par rapport aux peines actuelles", selon les syndicats à leur sortie de Matignon. Le Premier ministre a également dit vouloir une limitation stricte des réductions de peines pour les individus condamnés. Une disposition qui était déjà incluse dans la loi de sécurité globale.