Laurence Rossignol au micro d'Europe 1 ce mercredi. 6:39
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Baptiste Denis , modifié à
La sénatrice socialiste de l'Oise et ancienne ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes, invitée d'Europe 1 mercredi, a partagé son étonnement à la suite des nominations de Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti au sein du nouveau gouvernement de Jean Castex.
INTERVIEW

Les nouvelles nominations du gouvernement, notamment celles de Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur et d'Éric Dupond-Moretti à la Justice, a soulevé un mouvement de révolte auprès des militantes féministes. La sénatrice socialiste de l'Oise et ancienne ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes, Laurence Rossignol, était l'invitée de Pierre de Vilno ce mercredi matin sur Europe 1. Elle a partagé son "étonnement" et a souligné sa "perplexité", rappelant que le gouvernement avait fait de l'égalité entre les femmes et les hommes sa "grande cause" du quinquennat.

Pour Laurence Rossignol, les deux ministres ont investi les deux postes les plus importants pour la lutte contre les violences faites aux femmes. "Il y a deux ministères qui sont centraux, c'est d'abord l'Intérieur [avec] la police, les enquêtes, l’accueil des femmes dans les commissariats. Et d'autre part la Justice pour poursuivre les auteurs de violences", souligne-t-elle avant de se pencher d'abord sur le cas de Gérald Darmanin.

"Les violences sexuelles seraient moins graves que les malversations financières"

"Il est mis en cause dans une affaire dont l'instruction est toujours ouverte pour violences sexuelles. Il est présumé innocent, ça lui a permis d'être au ministère des Finances, mais il est suspect. Est-ce qu'il n'y avait pas un autre ministre pour être chef de la police ?", interroge Laurence Rossignol, avant de faire un parallèle sur les scandales financiers qui ont secoué d'anciens membres du gouvernement.

"J'observe que lorsqu'il s'agit de suspicions de malversations financières, les procédures vont très vite pour évincer les personnalités politiques mises en cause. On en déduit donc, d'un certain point de vue, que les violences sexuelles seraient moins graves que les malversations financières. Je pense qu'elles sont aussi graves."

Laurence Rossignol a noté que lundi, l'entourage d'Emmanuel Macron avait affirmé que les investigations sur Gérald Darmanin étaient "en bonne voie". "Je me pose la question. Comment se fait-il que l'Elysée ait des informations sur cette enquête et puisse dire que c'est en bonne voie ?", s'est offusquée la sénatrice. Qui demande au nouveau ministre de la Justice de faire la lumière sur cette question. "Voilà un sujet pour le nouveau garde des Sceaux, très attaché à l'indépendance de la Justice, qui va pouvoir s'inquiéter et se renseigner."

"Il ne s'est pas caché de dire tout le mal qu'il pense du mouvement #MeToo"

Eric Dupond-Moretti a beau n'être "suspecté de rien", l'avis de Laurence Rossignol sur sa personne est tout aussi tranché. "Il ne s'est pas caché de dire tout le mal qu'il pense du mouvement #MeToo, de la loi sur l'outrage sexiste, du harcèlement de rue... En fait, il appartient à ce mouvement de pensée qui dit : 'On ne peut plus rien faire : draguer, faire des blagues sexistes...'."

Laurence Rossignol propose donc au nouveau garde des Sceaux "de venir très vite devant la délégation aux droits des femmes" du Sénat pour expliquer comment il compte mettre en place une justice qui soit "attentive à la parole des femmes victimes".