Sous-marins : "La France devrait réaffirmer sa présence" dans la zone indo-pacifique

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Margaux Baralon , modifié à
Après la rupture du contrat australien sur l'achat de sous-marins, l'influence stratégique de la France est remise en cause. Pour le général Christophe Gomart, ancien commandant des forces spéciales, Paris doit faire entendre sa voix dans la zone indo-pacifique, notamment grâce à ses territoires ultramarins.
INTERVIEW

C'est le genre d'événements qui suscitent systématiquement des commentaires déclinistes. Après la rupture du "contrat du siècle", la semaine dernière, l'Australie ayant annulé la commande massive de sous-marins tricolores, d'aucuns pointent du doigt le manque d'influence de la France sur la scène internationale. Invité d'Europe matin lundi, le général Christophe Gomart, ancien commandant des forces spéciales, a estimé que la zone indo-pacifique était trop stratégique pour l'abandonner.

Une zone stratégique

"En termes de stratégie, la France devrait réaffirmer sa présence en Nouvelle-Calédonie ou à Tahiti par exemple", a détaillé le militaire à la retraite. "Nous sommes présents dans cette partie du monde qui est sans doute le prochain lieu d’affrontement entre les Etats-Unis et la Chine."

De fait, l'annulation du contrat par l'Australie révèle ces tensions latentes, Canberra ayant estimé que la menace chinoise grandissait et qu'il lui fallait nouer des liens plus étroits avec Washington. Les Australiens ont donc finalement abandonné les sous-marins français pour leur préférer des engins américains. Le tout dans un contexte où chaque camp, occidental et chinois, augmente ses dépenses militaires et son arsenal. "Je pense que la France doit réaffirmer en permanence sa présence", poursuit Christophe Gomart. "D'autant que des populations attendent beaucoup de la France" dans les territoires ultramarins également.

La France reste "une grande puissance"

Mais le général à la retraite ne pense pas pour autant que les relations entre Paris et Washington soient durablement abîmées par l'annulation du contrat des sous-marins. "Les Américains restent nos meilleurs alliés sur le plan militaire", insiste-t-il, même s'ils sont aussi "nos principaux ennemis économiques".

Pour Christophe Gomart, la France reste une "grande puissance", notamment par rapport à ses partenaires européens. "Le soldat français est le soldat européen. En Europe, le pays qui combat, capable de faire la guerre et de se projeter rapidement, c’est la France. On le voit bien au Sahel, où les pays européens n’ont aucune envie de s’engager. Certains y viennent, heureusement, mais on reste assez seul."

Selon lui, Paris garde "cette capacité à avoir une parole libre" et "à rebondir", même après une telle déconvenue. "Il ne faut pas se laisser aller au déclinisme", conclut-il.