Soupçons de "prise illégale d'intérêts" : le ministre Sébastien Lecornu interrogé par les enquêteurs

Sébastien Lecornu est soupçonné de "prise illégale d'intérêts".
Sébastien Lecornu est soupçonné de "prise illégale d'intérêts". © LUDOVIC MARIN / AFP
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avec AFP , modifié à
Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, soupçonné de "prise illégale d'intérêts", a été interrogé le 15 avril à Nanterre par la police anticorruption sur ses activités passées à la tête du département de l'Eure. Le ministre a été entendu en audition de suspect libre. 

Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a été interrogé le 15 avril à Nanterre par la police anticorruption sur ses activités passées à la tête du département de l'Eure, objet d'une enquête du parquet national financier pour "prise illégale d'intérêts", a appris l'AFP mardi de source proche du dossier. Le ministre a été entendu en audition de suspect libre par les policiers de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) selon cette source, confirmant une information de Mediapart.

Cette enquête, dévoilée en janvier par le Canard enchaîné et Libération, est ouverte depuis mars 2019 des chefs de "prise illégale d'intérêts" et d'"omission de déclaration à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique".

Administrateur de la Société des autoroutes Paris Normandie en même temps que président de département

Selon Libération, cette enquête est née à la suite d'un courrier d'un "banquier des collectivités locales reconverti dans l'énergie" adressé en janvier 2019 à la cheffe du PNF d'alors, Eliane Houlette. Dans sa déclaration à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), Sébastien Lecornu affirme avoir touché entre juillet 2016 et juin 2017 un total de 7.874 euros bruts de "jetons de présence" comme administrateur de la Société des autoroutes Paris Normandie (SAPN).

Or Sébastien Lecornu était au même moment président du département de l'Eure, et a, "à ce titre, approuvé plusieurs délibérations" de la collectivité ayant trait à la SAPN, au moins quatre selon le Canard, cinq selon Libération.

Le ministre se défend 

Sollicité en janvier par l'AFP, le cabinet du ministre de 34 ans, avait indiqué que "ce mandat a été exercé par Sébastien Lecornu de façon totalement transparente, faisant l’objet des publications légales classiques et d'une déclaration à la HATVP". "Sébastien Lecornu a tout simplement poursuivi une pratique historique, à la suite de son élection, en siégeant pendant un an au sein du Conseil de SAPN", avait-on ajouté.

"La gestion du réseau routier a toujours été associée à la sphère publique. Lorsqu’en 2005 les autoroutes ont été concédées par l'Etat à des opérateurs privés, il a été nécessaire de maintenir (...) des liens étroits avec les autorités publiques" et "à  ce titre, les départements du Calvados, de la Seine-Maritime et de l’Eure sont actionnaires minoritaires de SAPN et, dès lors, participent à l’assemblée générale", avait précisé le cabinet. "La présence des présidents de conseil départemental permet de faire entendre la voix des territoires, relayant les impératifs publics, s'agissant des projets autoroutiers qui traversent le département", insistait-on.