Retraites : «Marques de mépris», «déni et mensonge», les réactions politiques à l'interview d'Emmanuel Macron

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avec AFP , modifié à

Après l'interview d'Emmanuel Macron dans les journaux de TF1 et France 2, les personnalités politiques et les syndicalistes réagissent aux déclarations du chef de l'État. Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger accuse le président de "mensonge" concernant la position de son syndicat, quand Jean-Luc Mélenchon dénonce les "traditionnelles marques de mépris" d'Emmanuel Macron.

Toute l'opposition politique et les syndicalistes étaient branchés sur les journaux de 13H de TF1 et France 2 ce mercredi . Emmanuel Macron a pris la parole pour la première fois depuis l'adoption de la réforme des retraites , très contestée dans la rue, à la veille de la neuvième journée de mobilisation intersyndicale. Parmi les premiers à avoir réagi, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a accusé mercredi le président de la République d'avoir menti sur la position de la CFDT sur les retraites, "pour masquer son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme injuste".

"Déni et mensonge ! La CFDT a un projet de réforme des retraites. Macron 2019 l'avait compris, il avait repris notre ambition d'un système universel. Macron 2023 refait l'histoire et ment sur @cfdt pour masquer son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme injuste", a-t-il réagi sur Twitter.

Les propos d'Emmanuel Macron lors de son interview mercredi midi sont "du foutage de gueule et du mépris pour les millions de personnes qui manifestent", a réagi pour sa part le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. "C'est lunaire cette interview. C'est : tout va bien, je fais tout bien, il ne se passe rien dans la rue. Il n'y a aucune réponse", a dénoncé Philippe Martinez devant des journalistes à Tours où il assiste au congrès de la CFE-CGC.

Mélenchon dénonce les "traditionnelles marques de mépris" de Macron

Jean-Luc Mélenchon a dénoncé mercredi les "traditionnelles marques de mépris" d'Emmanuel Macron après son entretien télévisé sur la réforme des retraites, estimant que le chef de l'Etat "vit en dehors toute réalité". L'ancien candidat à la présidentielle a critiqué l'"arrogance" de Emmanuel Macron sur les carrières pénibles alors qu'il "vient de retirer des critères de pénibilité", dans un point presse à Toulouse. "La foule est au peuple ce que le cri est à la voix", a ajouté Jean-Luc Mélenchon en référence à un propos du président sur la "foule" qui n'aurait "pas de légitimité face au peuple qui s'exprime à travers ses élus".

Emmanuel Macron a "mis plus d'explosif sur un brasier déjà bien allumé", a critiqué le premier secrétaire du PS Olivier Faure après l'entretien télévisé du chef de l'Etat, tandis que la cheffe des écologistes Marine Tondelier a dénoncé une "autosatisfaction". "C'est hallucinant, il est dans un déni absolu", a déclaré Olivier Faure depuis l'Assemblée nationale. "Je crains qu'il n'ait mis plus d'explosif sur un brasier déjà bien allumé", a-t-il ajouté, notamment en "disqualifiant les syndicats". Marine Tondelier s'est dite pour sa part sur Twitter "glacée par la démonstration d'autosatisfaction du président" qui, à ses yeux, a tenu des "propos offensants".

Des solutions "pas à la hauteur de la crise politique", tranche Ciotti

Le président des Républicains Éric Ciotti a estimé que les solutions proposées par Emmanuel Macron lors de son intervention télévisée mercredi n'étaient "pas à la hauteur de la crise politique et économique que nous vivons". "La seule vraie annonce de cette allocution est que le combat contre l'immigration de masse n'est plus une priorité pour le gouvernement" et "c'est une faute", a estimé dans un communiqué le député des Alpes-Maritimes en déplorant que le chef de l'Etat n'ait "pas su convaincre les Français" de la nécessité d'une réforme des retraites.

Bruno Retailleau , le président des sénateurs LR, a estimé sur Twitter qu'"en contournant  le Parlement dont il a peur parce qu'il y est minoritaire, le président de la République avoue son impuissance politique". Sur l'immigration, il a également affirmé qu'Emmanuel Macron avait renoncé "à un projet de loi (...) qui est l'un des problèmes majeurs de notre pays. A la place, des petits textes à la découpe qui ne règleront rien (...) comme d'habitude".

Pour Aurélien Pradié, député LR du Lot qui a voté la motion de censure du groupe Liot , "Emmanuel Macron ne comprend pas. Il ne comprend pas les fractures immenses de la Nation. Il ne comprend pas que son autosatisfaction est une provocation de plus. Ne rien changer, attendre, bidouiller, c'est jouer avec le feu. Comment ignorer à ce point les Français ?", a-t-il écrit sur Twitter.

"Un homme de plus en plus seul", estime Le Pen

Marine Le Pen  a estimé mercredi que le président Emmanuel Macron, "un homme de plus en plus seul", avait "conforté le mépris" des Français, après son entretien sur TF1 et France 2. La patronne des députés RN à l'Assemblée nationale a reproché au président d'avoir accordé cet entretien à 13H et d'avoir ainsi "défié symboliquement la France qui travaille (et) confortant ainsi le sentiment de mépris". "Il dit qu'il respecte, mais il insulte. Tous les Français, tout le temps", a-t-elle ajouté, accusant notamment le président "d'anti-parlementarisme".