Christian Jacob et François Baroin sont des connaissances de longue date de Renaud Muselier. 1:36
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Michaël Darmon et Hélène Terzian, édité par Jonathan Grelier avec AFP , modifié à
Président de région sortant en Provence-Alpes-Côte d'Azur, le LR Renaud Muselier va profiter d'une alliance avec La République en marche lors des prochaines élections régionales. De quoi déplaire fortement aux Républicains, dont le comité stratégique se réunissait mardi matin pour statuer sur le sort de Renaud Muselier.

Après l'alliance de leur président de région sortant, Renaud Muselier, avec La République en marche pour la prochaine élection régionale en Provence-Alpes-Côte d'Azur, que vont faire Les Républicains (LR) ? Un comité stratégique du parti s'est tenu mardi matin au siège du parti. Car l'onde de choc provoquée par l'annonce dans les rangs de LR incite à prendre des décisions.

Alors qu'une nouvelle réunion se tenait au siège des Républicains, mardi soir, et alors que l'hypothèse de l'exclusion de Renaud Muselier est écartée, il s'agit désormais de savoir si une autre liste LR concurrente risque d'être montée. Dans un communiqué, publié mardi, le président de la région Paca a donné des gages à sa famille politique : "Il n'y aura pas d'accord avec En marche", dit-il.

Des amis depuis l'époque de Jacques Chirac

Au fil des années, Les Républicains ont gagné une réputation d'experts en drames politiques. Il faut donc s'attendre à tout. À tel point que Renaud Muselier a fait un geste, lundi, en promettant de ne pas faire figurer de ministres et de parlementaires sur sa liste. Car ce sont des amis de toujours qui vont se retrouver à cette réunion afin d'essayer de limiter la casse.

Christian Jacob, le patron de LR, et Renaud Muselier sont par exemple des amis de longue date, unis par leur jeunesse auprès de l'ancien président Jacques Chirac. Celui-ci les a élevés en interdisant tout rapprochement... mais avec le Front national à l'époque.

Christian Jacob a assuré mardi que son parti n'était "pas du tout dans un sujet d'exclusion" de Renaud Muselier. Dénonçant une "manœuvre politicienne d'En marche", Christian Jacob s'est dit "convaincu qu'on va résister à cette déstabilisation", en assurant que le président sortant de la région Paca avait été "sensible à nos arguments". "Il va faire une communication et sur cette base on se réunira ce soir en comité d'investiture", et "je fais confiance à Renaud Muselier pour remettre de la clarté", a assuré Christian Jacob à l'issue de la réunion du comité stratégique.

Renaud Muselier s'est jusque-là dit déterminé. Interrogé sur la possibilité que LR présente une autre liste face à lui, il a affirmé que "toutes les possibilités peuvent être là, mais je ne le pense pas". Mais on le sent également touché d'avoir été ainsi sur la sellette et pointé du doigt par sa famille politique.

L’enjeu est avant tout politique mais aussi humain, donc. C’est pourquoi François Baroin, maire de Troyes et autre ami de toujours, joue les pacificateurs. Il veut tenter d’éviter l'exclusion de Renaud Muselier. Celle-ci était pourtant demandée par d’autres, plus durs, comme Éric Ciotti, l'éternel rival de Renaud Muselier et du maire de Nice, Christian Estrosi.

Xavier Bertrand lance une bouée de sauvetage

Face à cette situation, Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France et candidat pour l'élection présidentielle de 2022, adapte sa stratégie. Il va rester très présent à l'échelle nationale. Pour lui, cet accord "démontre, si besoin est, que le rejet du macronisme n’est plus contestable". "Le Président de la République en est réduit à s’allier en catimini à un ancien opposant, faute d’être parvenu à reporter ces élections", écrit-il dans un communiqué. 

Il interpelle également Emmanuel Macron sur son rapport à l'histoire nationale dans le journal Le Monde ce mardi. Pour 2022, il propose un "ni, ni", c'est-à-dire ni Le Pen, ni Macron. C'est une bouée de sauvetage lancée aux dirigeants de son ancien parti. L'avenir dira si elle aura suffi à éviter le naufrage.

"Envie d'en savoir plus sur la composition de la liste"

Reste que Renaud Muselier a assuré qu'aucune alliance avec LREM ne serait conclue. Face à cette promesse, la députée LR des Alpes-Maritimes, Michèle Tabarot, attend toutefois d'être rassurée. "On a  une avancée puisqu'on a le sentiment que le fait de s'engager avec En Marche est maintenant abandonné, mais on a envie d'en savoir un peu plus sur la composition de la liste et les engagements qui doivent être pris vis a vis des Républicains", dit-elle au micro d'Europe 1.

Pour elle, la ligne rouge serait de voir des parlementaires de la majorité - et surtout la ministre Sophie Cluzel, ex-candidate LREM - sur la liste de Renaud Muselier. Le président de la région Paca a annoncé qu'il étudierait les candiatures au cas par cas.