Olivier Véran a reconnu que la mobilisation a été "importante" ce jeudi. 1:28
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avec AFP
Malgré une première mobilisation bien plus massive qu'attendue, le gouvernement restait résolu ce vendredi, à aller au bout de sa réforme des retraites, soulignant que des aménagements à la marge sont encore possibles. Cette mobilisation a été "importante", a reconnu le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. 

Après une mobilisation qu'il n'anticipait pas aussi massive, l'exécutif restait vendredi résolu à aller au bout de sa réforme des retraites, avec quelques aménagements à la marge. Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran disait le 11 janvier ne pas se projeter "dans l'idée d'une mobilisation massive" contre ce projet. Finalement, il a été contesté jeudi dans la rue par plus d'un million (selon la police) voire deux millions (selon la CGT) de personnes.

Cette mobilisation a été "importante", a-t-il reconnu vendredi comme plusieurs autres ministres, et "on la respecte" mais "cette réforme est indispensable et on doit la faire". N'excluant pas la possibilité d'"enrichir" le texte au Parlement, il a rappelé que le projet avait déjà "évolué" après les concertations syndicales et politiques. Le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a concédé que le gouvernement pouvait "encore progresser" sur les carrières hachées et l'emploi des seniors.

Mais sans toucher au principal point contesté par les opposants: le report de l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. "Ca bougera à la marge", admet une responsable de la majorité. Le débat à l'Assemblée va permettre "peut-être d'enrichir le projet mais dans un cadre donné", a abondé Stanislas Guerini, ministre de la Fonction publique.

"Tensions"

"Il n'y a pas (...) à faire semblant qu'il n'y avait pas de monde dans la rue" mais "on ne peut pas revenir" sur la réforme, "il faut tenir", a estimé le vice-président du groupe Renaissance Sylvain Maillard, alors que la majorité est traversée par des "tensions", alliés d'Horizons et du MoDem compris. Les députés dans leurs circonscriptions "sont entre le marteau et l'enclume" et sont "inquiets au vu de la mobilisation" de jeudi, rapporte une source parlementaire Renaissance.

Mais "ce sont des brebis égarées" qui reviendront au bercail, veut-on croire au sein du groupe. Le député Gilles Le Gendre a reconnu être "éminemment conscient du fait que nous n'avons pas encore réussi à convaincre de la pertinence de cette réforme" qui "ne peut pas être perçue comme juste dès lors que nous demandons des efforts à tout le monde", le coordinateur de LFI Manuel Bompard y voyant l'aveu d'une réforme "injuste".

Depuis Barcelone jeudi, Emmanuel Macron avait dit sa "détermination" à faire aboutir le projet, qui sera présenté en Conseil des ministres lundi, et qu'il considère comme "démocratiquement validé" par son élection, même si beaucoup d'électeurs ont voté pour lui par rejet de Marine Le Pen. Plus nuancé, Gabriel Attal, qui prédit une deuxième journée de mobilisation "probablement aussi importante" le 31 janvier, n'a pas repris le terme "validé".

"Je ne dis pas qu'il y a un blanc-seing" pour le président, qui ne dispose que d'une majorité relative, a-t-il admis, "je dis juste qu'il n'y a pas de page blanche non plus".

Débats télévisés

En première ligne, la Première ministre Elisabeth Borne a souhaité toujours "convaincre". Les ministres concernés, Gabriel Attal, Olivier Dussopt, Stanislas Guerini ou encore Olivier Véran vont continuer à développer leurs arguments lors de réunions publiques. Des débats télévisés sont aussi dans les tuyaux. BFMTV a annoncé la tenue d'une joute mardi soir entre Olivier Véran, le patron du RN Jordan Bardella, et la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot.

Gabriel Attal a également indiqué que l'exécutif allait "continuer à échanger avec les organisations syndicales" mais aucun rendez-vous ne semblait à ce jour en préparation, selon un conseiller de l'exécutif. Si les syndicats ont gagné la première bataille, ils n'ont pas encore gagné la guerre, souligne le camp présidentiel.

"La vraie question portera sur les prochaines (mobilisations). Est-ce que c'est reconduit, est-ce que ça agrège ?", se demande une députée de la majorité, en pointant la "concurrence" entre syndicats et politiques, alors que LFI organise sa propre marche samedi, et le "taux d'emmerdement maximum des Français" car c'est ça "qui compte". "Si cela tient, cela va être compliqué de maintenir la réforme en l'état. Si le phénomène (de mobilisation) s'érode, cela passera à l'usure" comme en 2010, estime le politologue Pascal Perrineau.