Marine Le Pen 1:30
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Louis de Raguenel, édité par Thibaud Le Meneec , modifié à
Alors que la commission spéciale de l’Assemblée nationale vient de commencer l'examen du projet de loi Climat du gouvernement, Marine Le Pen présente mardi matin un contre-projet de referendum sur l’écologie. Pour la dirigeante du RN, il s'agit, avec cette opération de communication, d'essayer de se montrer crédible sur ce thème qui jouera une grande place dans la prochaine présidentielle.

C'est une loi quasi-immuable du jeu politique : présentez des mauvais résultats à un responsable et celui-ci balaiera ladite enquête d'un revers de main, mais donnez-lui des chiffres satisfaisants et l'étude en question sera brandie comme une preuve de popularité. Depuis la publication de sondages la plaçant très haut, dans l'hypothèse d'un deuxième tour de l'élection présidentielle face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen affiche sa confiance en elle, et ça se voit, sur deux points : l'économie et l'écologie, un exercice plutôt acrobatique pour celle qui remettait en cause il y a quelques années encore le rôle de l'activité humaine dans le réchauffement climatique.

Travail de normalisation

Depuis la publication de ces enquêtes d'opinion, la présidente du Rassemblement national confie que, pour la première fois, les milieux économiques et financiers viennent à elle. Tout comme des hauts cadres de sociétés du CAC40, ils ne se pincent plus le nez et prennent rendez-vous avec elle.

En conséquence, Marine Le Pen a moins de complexes et s’aventure sur des terrains sur lesquels elle n’est pas forcément à l’aise, comme l’écologie, en essayant de montrer un visage de crédibilité, de mesure. L'enjeu, pour la dirigeante du parti d'extrême droite, est de mener un travail de normalisation.

Trois arguments au coeur du contre-projet

C'est cette nouvelle assurance qui la pousse mardi à formuler 15 questions sur l’environnement (voir encadré). Des propositions pour lesquelles Marine Le Pen aimerait que les Français s’expriment par referendum - et répondent "oui". Elles sont réparties en plusieurs catégories, avec trois arguments politiques que le RN veut mettre en valeur : responsabiliser et protéger les Français, préserver nos territoires et protéger la biodiversité, et enfin encourager l’économie circulaire et le "localisme".

Autant de questions qui resteront sans réponses, puisque la proposition de loi constitutionnelle que le RN veut déposer pour modifier la constitution et la charte de l’environnement de 2004 n'a aucune chance de passer. Mais cela permet à Marine Le Pen de continuer à exister politiquement, en poussant ses futurs rivaux à la présidentielle, à commenter et à réagir à ce qu'elle dit. Et espérer, ainsi, rester au centre du jeu médiatique.

"Ça commence par le localisme, ça finit par le racisme", tacle Dupond-Moretti

"Le localisme, c’est l’autarcie, le repli sur soi, la fermeture et la xénophobie n’est jamais très loin de tout ça. Ça commence par le localisme, ça finit par le racisme", a pour sa part taclé Éric Dupond-Moretti, invité de la matinale d’Europe 1 mardi. "En réalité, on sent l’ADN du Rassemblement national", a-t-il insisté.

Pour le ministre de la Justivce, le localisme est "une vision microscopique des problèmes environnementaux". Pour illustrer son propos, Éric Dupond-Moretti a pris l’exemple de l’impact écologique du streaming : "les vidéos en streaming génèrent plus de gaz à effet de serre que l’Espagne toute entière. Alors vous m’expliquerez comment, avec du localisme, on règle ces questions", a-t-il conclu.

Les 15 questions du contre-projet de Marine Le Pen

  1. "Souhaitez-vous que nos textes constitutionnels contiennent le principe de sécurité environnementale et la protection de notre patrimoine matériel et immatériel ?"
  2. "Souhaitez-vous la généralisation d’un étiquetage détaillé pour les produits alimentaires ?"
  3. "Souhaitez-vous que la France continue d’investir dans le nucléaire, énergie décarbonée ?"
  4. "Souhaitez-vous que les sociétés-mères soient responsables des dommages environnementaux causés par leurs filiales ?"
  5. "Souhaitez-vous que la réalisation d’infrastructures ou d’équipements collectifs d’intérêt national soit soumise à l’approbation du parlement ?"
  6. "Souhaitez-vous que les actes pris dans le cadre de l’Union européenne qui ne respecteraient pas les dispositions de la charte de l’environnement, soient inapplicables en France ?"
  7. "Souhaitez-vous suspendre tout projet de construction d’éoliennes ?"
  8. "Souhaitez-vous suspendre tout projet d’installation de grandes surfaces ?"
  9. "Souhaitez-vous restreindre fortement toute nouvelle construction sur des terres agricoles ?"
  10. "Souhaitez-vous développer les espaces verts dans les villes et les trames verte et bleue en mettant en place des contraintes pour les communes ?"
  11. "Souhaitez-vous que l’entretien de 'zone de stockage naturel du carbone' fasse l’objet d’une rémunération pour les agriculteurs ?"
  12. "Souhaitez-vous interdire les importations de produits (agricoles ou manufacturés) dont la fabrication ou la production serait interdite en France ?"
  13. "Souhaitez-vous que la TVA soit modulée en fonction de la faculté des produits à être réparés et recyclés ?"
  14. "Souhaitez-vous que la France instaure une taxe sur les produits importés pour compenser les effets de leur production et de leur transport sur l’environnement ?"
  15. "Souhaitez-vous que la responsabilité de l’importateur ou du distributeur puisse être engagée en cas de vente sur le marché français d’un produit défectueux ou non conforme à la réglementation en vigueur ?"