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Mayalène Trémolet avec AFP / Crédit photo : JULIEN DE ROSA / AFP , modifié à
À l'issue du Comité interministériel des villes (CIV), tenu à Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines, Élisabeth Borne a annoncé que le gouvernement demanderait aux préfets de ne plus attribuer de logements dans les quartiers prioritaires aux ménages les plus en difficulté. Et ce afin de favoriser la mixité sociale.

Le gouvernement va demander aux préfets de ne plus attribuer de logements dans les quartiers prioritaires aux ménages les plus en difficulté, afin de favoriser la mixité sociale, a annoncé vendredi la Première ministre Elisabeth Borne.

"Je demande donc aux préfets de ne plus installer, via les attributions de logements ou la création de places d'hébergement, les personnes les plus précaires dans les quartiers qui concentrent déjà le plus de difficultés", a déclaré la cheffe du gouvernement à l'issue du Comité interministériel des villes (CIV), tenu à Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines. Ce CIV, reporté à plusieurs reprises, a été pensé pour apporter des réponses sociales et structurelles aux difficultés des quartiers populaires, quatre mois après les émeutes de cet été et au lendemain d'une première salve d'annonces plutôt sécuritaires.

"Toutes les difficultés ne peuvent pas être rassemblées au même endroit"

Ce sont les ménages reconnus "Dalo", pour "droit au logement opposable", qui ne devront plus se voir attribuer de logements dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), a précisé Matignon. Les préfets auront également pour consigne de stopper la création de nouvelles places d'hébergement d'urgence, destinées aux personnes sans domicile, dans ces mêmes quartiers.

Les ménages Dalo disposent d'un droit au logement reconnu par la justice et doivent être prioritaires dans l'attribution de logements sociaux. Près de 35.000 ont obtenu la reconnaissance de ce droit en 2022 et plus de 93.000 restent en attente d'un relogement malgré cette reconnaissance, en grande majorité en région parisienne. "Toutes les difficultés ne peuvent pas être rassemblées au même endroit. La mixité est une chance. Elle est nécessaire", a martelé Elisabeth Borne.

Un fonds de 300 millions d'euros sur trois ans

La chef du gouvernement a également évoqué la question de l'emploi et assuré que l'investissement financier majeur était tourné vers cette question du travail, de l'insertion, de la lutte contre les discriminations. "Même si le chômage baisse dans nos quartiers, il reste trop élevé et bien supérieur au reste du territoire. Nous devons aller vers ceux qui sont les plus éloignés de l'emploi, les aider à trouver une formation ou leur apporter l'accompagnement nécessaire". La Première ministre a ainsi annoncé le déploiement d'un fonds de 300 millions d'euros sur trois ans en faveur des associations. La moitié de cette somme doit revenir aux habitants des quartiers. 

 

L'objectif étant d'améliorer la vie de ces quartiers par le déploiement des forces d'action républicaine ou la création de nouveaux centres de santé. Des annonces qui viennent compléter les mesures présentées hier devant plusieurs centaines de maires à la Sorbonne. Elisabeth Borne y avait annoncé une plus forte répression des mineurs auteurs de dégradations. 

"Quartiers résilients"

Enfin, l'éducation, priorité selon nombre d'élus pour atténuer les inégalités entre quartiers populaires et reste du territoire, bénéficie de plusieurs mesures : l'extension des cités éducatives, où la prise en charge des élèves est renforcée, et l'ouverture garantie des collèges de 8h à 18h dès la rentrée 2024. Les bibliothèques verront également leurs horaires d'ouverture étendus dans 500 quartiers, promet Matignon.

Et la géographie de l'éducation prioritaire, dont les établissements bénéficient de davantage de moyens, va être progressivement réformée pour coller exactement à celle des QPV. Pour la transition écologique des quartiers populaires, le programme "Quartiers résilients", visant à verdir la politique de la ville, concernera 24 quartiers supplémentaires, avec 250 millions d'euros fléchés en ce sens contre 100 millions auparavant.

Le gouvernement veut également doubler la part du Fonds vert, doté de 2 milliards d'euros, allouée aux QPV, pour la porter à 15%, et va présenter avant la fin de l'année un projet de loi pour favoriser la rénovation des copropriétés dégradées, dont l'entretien correct n'est plus assuré à cause d'une accumulation de charges impayées.