Emmanuel Macron à Marseille le samedi 16 avril 7:51
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avec AFP , modifié à
Emmanuel Macron a tenu son grand meeting de l'entre-deux-tours ce samedi à Marseille, à moins de dix jours du second tour face à Marine Le Pen. Face à Pierre de Vilno, les invités d'Europe Soir Week-End ont analysé son discours particulièrement axé sur l'écologie. A-t-on assisté à un nouveau tournant écologique du président-candidat ou veut-il simplement flatter les électeurs de gauche ?

Est-ce le début d'une prise de conscience écologique pour Emmanuel Macron ? Le président sortant, candidat à sa réélection a tenu un meeting ce samedi 16 avril à Marseille. Devant quelques milliers de personnes, il a promis un "renouvellement complet" de sa politique, disant avoir "entendu" le message du premier tour où l'insoumis Jean-Luc Mélenchon, chantre de la planification écologique, a failli créer la surprise et accéder au second tour. 

Il a notamment promis un un Premier ministre "directement chargé de la planification écologique", "appuyé par deux ministres forts". Un "ministre de la planification énergétique", qui "aura pour mission de faire de la France la première grande nation à sortir du pétrole, du gaz et du charbon".

"Une place prédominante à l'écologie" 

"Je pense que c'est l'un des premiers moments où l'on voit ce que serait la vision d'Emmanuel Macron sur le plan des politiques publiques pour le quinquennat", explique William Thay, président du Think Tank Le Millenaire. 

"Il s'est inspiré de ce qui se fait au Japon avec un super Ministère de l'économie et des finances et il duplique ce modèle pour l'écologie. Il remet l'écologie au cœur de la politique lors des réunions interministérielles. Ça donnerait une place prédominante à l'écologie sur l'ensemble des différentes thématiques", analyse-t-il.

Pour William Thay, le projet d'Emmanuel Macron est davantage "équilibré" : "Il était plutôt antinucléaire il y a cinq ans et là maintenant, il reprend en compte une politique écologique beaucoup plus équilibrée en établissant le fait que nous ne réussirons pas à atteindre les objectifs du GIEC de manière immédiate." "À mon avis, le projet d'Emmanuel Macron mise sur les technologies d'avenir et sur l'économie circulaire qui nous donnerait un aspect unique sur le marché européen".

L'analyste effectue tout de même une nuance : "La difficulté d'Emmanuel Macron réside dans la temporalité et sur l'acceptation de la population. Il faut se souvenir que son quinquennat est marqué par la question des Gilets Jaunes. On ne peut pas remplir les Accords de Paris dans moins de trois ans. Mais lui, il est dans un discours de l'immédiat, un discours politique"

Un discours qui prend le "contre-pied" du premier quinquennat ? 

Selon Patrick Karam, vice-président de la région Ile-de-France, le discours écologiste de Macron prend le "contre-pied" de son premier quinquennat. "Disons qu'il y a eu un brouillon où il a cherché sa politique en fermant Fessenheim et en évoquant la fermeture d'autres centrales nucléaires", déclare-t-il.

"Il a été obligé de donner des dérogations à deux centrales à charbons pour tourner à plein régime et on sait que ça pollue énormément", poursuit Patrick Karam.

Pour le vice-président de la région Ile-de-France, Emmanuel Macron doit s'appuyer sur les collectivités locales et territoriales s'il veut pouvoir financer des nouvelles mesures écologiques lors d'un potentiel prochain quinquennat. "Ce qui lui a manqué, c'est de réinventer des politiques publiques en lien avec les collectivités locales et territoriales. Ce sont les collectivités locales qui financent ces mesures (NDLR : écologiques)" a-t-il déclaré.