Présidentielle : les candidats inquiets des conséquences de la guerre en Ukraine

chars russes ukraine
Des chars russes se déplacent à la frontière russo-ukrainienne. © MIKHAIL VOSKRESENSKIY / SPUTNIK / SPUTNIK VIA AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Les conséquences économiques de la guerre en Ukraine inquiètent les candidats à la présidentielle. Emmanuel Macron a promis samedi d'en protéger les Français et de bâtir un "plan de résilience" agricole, depuis le Salon de l'agriculture, où il a assuré que le conflit "durera". Les prétendants à l'Élysée sont dans l'obligation de réagir à l'actualité.

Regain d'inflation, secteurs déstabilisés : les conséquences économiques de la guerre en Ukraine inquiètent les candidats à la présidentielle, Emmanuel Macron promettant samedi d'en protéger les Français et de bâtir un "plan de résilience" agricole. Après une rapide visite au Salon de l'agriculture en tout début de journée, le président sortant a regagné l'Élysée d'où il doit présider à 17 heures un conseil de défense "sur la situation en Ukraine", alors que les armées russe et ukrainienne s'affrontent dans Kiev.

Le conflit "durera", "il faut nous y préparer", estime Macron

Selon l'Élysée, le chef de l'État s'est entretenu samedi matin par téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour "prendre des nouvelles". Volodymyr Zelensky "lui a dit qu'ils avaient tenu Kiev". Le conflit "durera" et "il faut nous y préparer", a ensuite mis en garde Emmanuel Macron devant des responsables agricoles au Salon de l'agriculture, peu de temps avant l'arrivée du Premier ministre Jean Castex.

Le chef de l'État, qui a dû encore repousser sa déclaration de candidature à la présidentielle du fait du contexte international, a passé un "message de protection", dixit le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie : il faudra "accompagner" les agriculteurs "en termes de revenus", et les Français "sur les impacts en termes de coûts immanquablement", a souligné Emmanuel Macron.

Le pouvoir d'achat au centre des préoccupations

La situation est des plus incertaines, alors qu'avant même l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'accélération de l'inflation avait déjà mis le pouvoir d'achat au premier rang des préoccupations des Français dans cette campagne présidentielle, poussant les candidats à multiplier les propositions en faveur de hausses de salaires, baisses de charges ou économies d'énergie pour réduire la facture.

Or, le début du conflit s'est traduit immédiatement par un bond des cours mondiaux du pétrole, du gaz et de certaines matières premières dont le blé, et les acteurs économiques, professionnels de l'alimentation en tête, craignent désormais que Moscou n'instaure des mesures de rétorsion aux sanctions occidentales. Cela avait déjà été le cas en 2014, lorsque la Russie avait répondu aux mesures sanctionnant son invasion de la Crimée par un embargo alimentaire sur les produits occidentaux.

"Les conséquences, on pouvait pas y réfléchir avant ?", tacle Mélenchon

Emmanuel Macron a prédit samedi "de manière certaine des conséquences dans nos exportations pour les grandes filières" du vin, des céréales et de l'alimentation du bétail. Ainsi le gouvernement travaille-t-il à un "plan de résilience" pour "sécuriser pour nos filières nos intrants", "bâtir des boucliers en termes de coûts" et "apporter des réponses dans la durée", a annoncé le président quasi-candidat, en insistant sur "l'importance de la souveraineté agricole et alimentaire" de la France.

Ire immédiate du candidat LFI Jean-Luc Mélenchon, mis sur la défensive pour des positions jugées pro-russes. "Les conséquences, on pouvait pas y réfléchir avant ?", a-t-il interrogé depuis l'île de La Réunion, accusant Emmanuel Macron de s'être "mis en scène en train de réfléchir profondément et de téléphoner" tandis que Vladimir Poutine "le baladait". "Et maintenant il veut nous expliquer comment on doit faire en matière d'agriculture ? C'est une mauvaise blague !", a-t-il lancé.

Les sanctions "inefficaces" qui "toucheront les intérêts français", estime Le Pen

Également épinglée pour des déclarations pro-russes difficiles à assumer en ces temps de guerre, la candidate du RN Marine Le Pen est plus à l'aise lorsqu'il s'agit d'alerter sur les conséquences potentiellement "terrifiantes" sur le pouvoir d'achat des Français des sanctions occidentales contre la Russie. "Les sanctions en elles-mêmes seront inefficaces" et "toucheront" les "intérêts" français, a abondé son rival d'extrême droite Eric Zemmour vendredi lors d'un meeting à Chambéry (Savoie).

À droite, la candidate LR Valérie Pécresse craint aussi les "rétorsions russes sur les produits alimentaires français", et a plaidé vendredi pour définir "au niveau de l'Union européenne les productions stratégiques en Europe". Le président du groupe LR à l'Assemblée nationale Damien Abad a précisé samedi sur France 2 : il faut "des dispositifs d'aide sectorielle d'urgence" pour "la machinerie agricole et industrielle, les transports, les cosmétiques, l'aéronautique". Mais aussi "couper" l'accès de la Russie au réseau interbancaire mondial Swift, a-t-il exhorté.

Comment la campagne présidentielle est chamboulée par l'actualité

La campagne, qui avait du mal à décoller, asphyxiée par la crise sanitaire, et en l'absence dans l'arène du président sortant, est plus que jamais chamboulée par la guerre en Ukraine. Valérie Pécresse a maintenu un déplacement en Normandie, tout en reconnaissant que cela pouvait paraître "décalé" eu égard au contexte international. Et pour Jean-Luc Mélenchon depuis La Réunion, "en démocratie, on s'arrête pas parce que la Russie a envahi l'Ukraine".

Mais l'écologiste Yannick Jadot a annulé un déplacement à Clermont-Ferrand, la socialiste Anne Hidalgo transforme son meeting de samedi soir à Bordeaux en événement en soutien au peuple ukrainien, et le communiste Fabien Roussel ajoute à son agenda un rassemblement de soutien à l'Ukraine, à Lille samedi à la mi-journée.