Présidentielle : Éric Zemmour peine à conquérir l'électorat féminin

Eric Zemmour
L'équipe d'Eric Zemmour organise ce mardi un meeting des "femmes avec Zemmour" (Image d'illustration) © AFP
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Europe 1, avec AFP
Candidat à l'élection présidentielle, Eric Zemmour peine à réunir des voix au sein de l'électorat féminin. Les sondages révèlent un écart entre les intentions de vote avec l'électorat masculin, alors que Mediapart publie ce mardi une série de témoignages de femmes accusant Eric Zemmour d'agressions sexuelles.

"C'est un vrai handicap pour lui", estime le sondeur Frédéric Dabi. En raison notamment de ses écrits et déclarations sur les femmes, Eric Zemmour, a du mal à convaincre l'électorat féminin et tente de répondre aux critiques à un mois du premier tour. Lundi soir sur LCI, le candidat à la présidentielle a souligné vouloir un "équilibre" entre "valeurs masculines" et "féminines" dans la société. 

Mais "quand il y a un excès de valeurs féminines, il y a une faiblesse de la société", a-t-il lancé. Le candidat d'extrême droite balaie toute accusation de phallocratie. "Autour de moi, il y a des femmes de pouvoir qui ne supporteraient pas de travailler avec un misogyne", réplique-t-il, s'appuyant sur le ralliement de Marion Maréchal et le rôle de sa stratège et compagne Sarah Knafo.

Mardi soir, pour la journée internationale des droits des femmes, son équipe organise à Paris un meeting des "femmes avec Zemmour" durant lequel il prendra la parole. Egalement en ce jour symbolique, Mediapart, qui recueille depuis 2021 des témoignages de femmes accusant Eric Zemmour de "comportements inappropriés et d'agressions sexuelles", a diffusé une enquête vidéo de 36 minutes avec plusieurs femmes qui s'expriment face caméra.

"Mediapart veut faire un coup le jour de la journée de la femme en recyclant des témoignages déjà sortis l'an dernier. Minable à cinq semaines du premier tour", a réagi l'entourage du candidat. 

"Un petit défaut"

Les sondages montrent qu'Eric Zemmour séduit davantage d'électeurs que d'électrices.  "Il a un prisme masculin assez clair, un peu comme Jean-Marie Le Pen dans les années 80, mais de façon plus marquée", estime Frédéric Dabi (Ifop), alors que sa rivale du RN "Marine Le Pen 'surperforme' auprès des femmes".

Avec le recul d'Eric Zemmour dans les sondages, le différentiel entre son électorat masculin - 13% d'intentions de vote au premier tour selon une récente enquête -  et féminin (11%) s'est réduit. Mais il y a encore quelques semaines, cet écart atteignait de 7 à 8 points. Son entourage concède qu'"il y a un petit défaut qu'on aimerait bien combler". 

 

Une partie de son programme est donc dédiée aux "Françaises": le candidat de Reconquête! promet la création de 60.000 places de crèches, propose aux parents de se répartir librement le temps de congé parental et veut augmenter les pensions de réversion pour les veuves. Mais même s'il ne souhaite plus en parler, l'ancien essayiste est régulièrement renvoyé à ses écrits. 

En 2006, dans "le Premier sexe", il estime qu'un "garçon, ça entreprend, ça assaille et ça conquiert". Et se compare à Casanova, un paradoxe pour celui qui s'adresse à un électorat attaché à la famille traditionnelle. "Dans une société traditionnelle, l'appétit sexuel des hommes va de pair avec le pouvoir ; les femmes sont le but et le butin de tout homme doué qui aspire à grimper dans la société", écrit aussi l'ancien éditorialiste dans son récent livre "La France n'a pas dit son dernier mot". Ses adversaires en font régulièrement un angle d'attaque.

"Propagande"

Lui se dit victime d'une "propagande" et affirme être "celui qui protège le mieux les femmes. "Des dames n'osent plus sortir avec leurs colliers au cou" et "dans d'innombrables quartiers, elles ne peuvent pas se mettre en robe sans se faire cracher dessus", fustige-t-il, en s'en prenant à "l'immigration" et à la "délinquance". "Je ne compte pas enlever le moindre droit aux femmes", répète le candidat. Début décembre, Eric Zemmour avait toutefois promis de "bloquer les PMA sans père" s'il était élu, un gage envoyé à plusieurs de ses cadres catholiques conservateurs, issus de la Manif' pour tous.

 

Au sujet des inégalités salariales, avant sa candidature, il déclarait en novembre qu'il y avait "beaucoup de femmes qui sont dans des métiers moins bien payés, mais c'est elles qui les choisissent". Dimanche à Toulon, son lieutenant et transfuge du RN, le sénateur Stéphane Ravier, a rendu hommage à sa "mère qui faisait le plus beau métier du monde, mère de famille".