Présidentielle américaine : que se passe-t-il si un candidat se désiste ?

Dans le cas où il faudrait choisir un nouveau vice-président, c'est le Sénat américain qui se prononcerait.
Dans le cas où il faudrait choisir un nouveau vice-président, c'est le Sénat américain qui se prononcerait. © SAUL LOEB / AFP
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O.G
Atteinte d'une pneumonie, Hillary Clinton a suspendu sa campagne à la présidentielle pour deux jours. Mais que prévoit la Constitution américaine si un candidat à la présidence se désiste ? Décryptage.

Hillary Clinton l'assure, elle "va bien". La candidate démocrate à l'élection présidentielle américaine, victime d'un malaise pendant les commémorations du 11-Septembre, souffre d'une pneumonie et a dû annuler ses déplacements. Mais pas question pour elle de renoncer à la course à l'élection présidentielle puisqu'elle a annoncé lundi qu'elle reprendrait sa campagne d'ici deux jours. Outre-Atlantique, le malaise de l'ex-Première Dame, âgée de 68 ans, alimente les rumeurs et les inquiétudes. Alors que les États-Unis sont en passe d'élire le candidat le plus âgé de leur histoire (Donald Trump est âgé de 70 ans), que prévoit la Constitution si l'un des aspirants à la présidence meurt ou se désiste ?

>> Trois cas de figure possibles. Il faut rappeler qu'aux États-Unis, l'élection présidentielle se fait au suffrage universel indirect et se déroule en trois temps. Il y a d'abord le vote populaire du 8 novembre, où les électeurs votent pour de grands électeurs. Ceux-ci votent à leur tour, le 19 décembre, pour désigner le président, selon des règles propres à chaque État. Arrivent ensuite le décompte du Congrès début janvier et enfin, la passation de pouvoir, le 20 janvier. Dans le cas où un candidat serait amené à mourir ou se désisterait dans la période d'entre-deux (entre son investiture à la convention nationale de son parti et sa désignation par les grands électeurs en décembre), plusieurs hypothèses sont envisageables, comme le détaillent trois professeurs de sciences-politiques québécois, sur le blog À la Maison-Blanche : 

C'est aux partis qu'il appartient de présenter aux grands électeurs un nouvel aspirant à la présidence. Chez les Démocrates, comme chez les Républicains, c'est le Comité national du parti qui décide de la marche à suivre. Le parti de Donald Trump peut ainsi décider de réunir une nouvelle Convention nationale pour désigner un nouveau candidat (souvent trop onéreuse), soit faire voter les représentants du Comité dans chaque État, avec un nombre de voix égal à celui de ses délégués à la convention.

• Mais même si le parti propose un nouveau candidat aux grands électeurs, rien n'oblige finalement ces derniers à voter pour lui. Dans l'hypothèse où Hillary Clinton décidait de se retirer de la course à la présidentielle après le 8 novembre, le Parti démocrate pourrait proposer à ses grands électeurs de voter pour Bernie Sanders ou Jim Webb. Mais les grands électeurs pourraient par exemple orienter leur choix vers Lincoln Chafee, un autre candidat malheureux à la primaire démocrate, moins connu.

• Et si le président mourrait avant que le résultat ne soit avalisé par le Congrès ? C'est le pire des scénarios selon les juristes qui ne s'entendent pas sur la question. Là encore, plusieurs solutions sont possibles. Certains estiment que le vice-président en poste prendrait le pouvoir (selon le XXe amendement). D'autres appuient le rôle de la Chambre des représentants qui devrait désigner le président. Et dans le cas où il s'agirait de trouver un nouveau vice-président, ça serait au Sénat de se prononcer.

>> Y a-t-il des précédents ? Il n'en n'existe qu'un seul dans l'histoire des États-Unis. Fin novembre 1872, Horace Greeley, candidat républicain, meurt avant que les grands électeurs ne se soient prononcés. Sa mort n'avait toutefois rien changé puisqu'il avait perdu le vote populaire face au président sortant Ulyces Grant. Mais au pays de la transparence, la question de la santé des personnalités politiques est régulièrement soulevée : John McCain, candidat républicain en 2008, avait dû se justifier de son âge (il avait alors 72 ans). Le vétéran du Vietnam avait également assuré que malgré ses nombreuses blessures de guerre, il restait vaillant. Dans un autre registre, certains membres du Parti républicain s'étaient réunis en août pour réfléchir à un possible remplacement de Trump, après des déclarations qui avaient choqué l'opinion publique.

>> La gestion du cas Clinton en question. Alors que la campagne présidentielle prend son "premier tournant", selon l'historien spécialiste des États-Unis François Durpaire, le camp démocrate s'affaire autour de la candidate pour que son image ne soit pas écornée. En attendant d'être soignée, c'est Barack Obama qui prend le relais et interviendra mardi lors d'un meeting de soutien. D'après le magazine People, certains membres de l'équipe de campagne seraient aussi tombés malades.