En France, l'islamisme "ressemble au communisme"

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Romain David , modifié à
Pour Hakim El Karoui, l'auteur du rapport sur la "réorganisation de l'islam de France", interrogé lundi sur Europe 1, la mouvance islamiste fonctionne, comme le communisme avant elle, avec "des militants, des sympathisants, et une activité locale pour diffuser une idée".
INTERVIEW

Son rapport sans concession sur la "réorganisation de l'islam de France" est désormais sur le bureau du chef de l'Etat. Hakim El Karoui, spécialiste de l’histoire de l’islam auprès de l’Institut Montaigne, y recommande notamment de renforcer l'apprentissage de l'arabe à l'école, de mieux contrôler les flux financiers liés au culte islamique ainsi que l'organisation des pèlerinages à La Mecque, ou encore de taxer le halal. Autant de mesures pour lutter contre la radicalisation, mais qui ne devraient pas manquer d'agiter le débat, puisque la plupart d'entre-elles se sont déjà heurtés à de vifs blocages par le passé. L'islamisme "ressemble au communisme", a-t-il résumé lundi pour défendre ses propositions au micro d'Audrey Crespo-Mara, sur Europe 1.

Le risque d’une société parallèle. En effet, pour ce spécialiste, l'ombre que fait peser l'islamisme sur la religion musulmane est en train de renforcer les communautarismes, avec des degrés plus ou moins marqué d'adhésion au discours radical. "Le communisme c'était quoi ? C'était des militants, des sympathisants, et une action locale pour diffuser une idée. On a ces militants, on les voit par les réseaux sociaux, puis on a des gens qui essayent de créer une société alternative, qui va être pure, halal -  halal veut dire 'licite'", développe Hakim El Karoui. "De façon concrète, ce sont évidemment les vêtements, la nourriture mais aussi la façon de vivre ensemble. On crée un 'Blablacar halal', un 'Airbnb halal' pour ne pas se mélanger", détaille encore l'auteur du rapport. 

"Il y a beaucoup de musulmans qui vont manger halal, de femmes qui vont se voiler mais qui ne sont pas des islamistes au sens où ils ne pensent pas que le projet politique idéologique des islamistes est meilleur ou plus important que celui de la République", poursuit-il. Néanmoins, "comme on a des militants d'un côté et personne en face pour dire autre chose, ils [les islamistes] ont une influence qui va très au-delà de leurs sympathisants", déplore Hakim El Karoui.

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"Reprendre la main". Il considère également que Les Musulmans de France (ex-UOIF), une organisation très contestée, est incapable d'endiguer la radicalisation des jeunes, d'abord parce qu'elle ne s'en soucie guère. "Ce sont les héritiers des Frères musulmans en Europe. Ils ont muté et ils ont de moins en moins d'importance chez les jeunes où les salafistes ont le vent en poupe", pointe-t-il. "Toutes les organisations musulmanes, institutionnelles, assez peu représentatives, se battent pour serrer les mains de la République. Leur sujet n'est pas de lutter contre l'islamisme", indique-t-il.

"La question de l'organisation de l'islam de France n'est pas une question de représentativité", martèle encore ce spécialiste. Pour lui, tout l'enjeu consiste en la mise en place d'"un système avec des hommes, de l'argent et des financements pour pouvoir lutter contre (la radicalisation, ndlr)". "Il faut se lever et reprendre la main sur la religion musulmane", conclut Hakim El Karoui.