Clément Beaune 2:05
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Manon Fossat , modifié à
Face au nombre limité de licences britanniques octroyées aux pêcheurs français depuis le Brexit, le gouvernement français a décidé de prendre des "mesures de rétorsion" contre le Royaume-Uni. Invité de Sonia Mabrouk dans Europe Matin, le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Clément Beaune, en a détaillé les contours. 
INTERVIEW

Le gouvernement l'avait annoncé il y a quelques jours, des "mesures de rétorsion" devaient être prises contre le Royaume-Uni en réponse au faible nombre de licences britanniques octroyées aux pêcheurs français. Mercredi en effet, l'île anglo-normande de Jersey a annoncé l'octroi de 64 licences définitives à des bateaux français (contre 169 demandées) et le rejet de 75 dossiers. La veille, Londres avait accordé douze autorisations supplémentaires dans ses eaux, dans la limite des six à douze milles nautiques de ses côtes (contre 87 demandées). Des chiffres loin d'être à la hauteur des attentes de Paris.

Invité d'Europe Matin mardi, Clément Beaune, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, a annoncé que des mesures européennes ou nationales de pression sur le Royaume-Uni vont être prises. "Notre patience a une limite claire. Celle de l'exaspération de nos pêcheurs. Cela fait neuf mois que nous discutons calmement, gentiment. Nous avons un accord négocié par Michel Barnier qui doit être appliqué à 100%, et il ne l’est pas. Donc nous avons décidé avec mes homologues européens que dans les prochains jours nous prendrons des mesures européennes ou nationales de pression sur le Royaume-Uni notamment sur les produits qu'ils exportent en France par exemple, a-t-il assuré. 

"Défendre nos intérêts"

En effet, l'accord post-Brexit, conclu in extremis à la fin de l'année dernière entre Londres et Bruxelles, prévoit que les pêcheurs européens puissent continuer à travailler dans certaines eaux britanniques à condition d'obtenir une licence, accordée s'ils peuvent prouver qu'ils y pêchaient auparavant. Mais face au nombre très limité de celles-ci, le secrétaire d'Etat a estimé qu'il était temps de montrer les dents. 

"Il faut défendre nos intérêts, on le fait diplomatiquement et quand ça ne marche pas on prend des mesures. On peut par exemple imaginer des sanctions sur l'énergie, comme le Royaume-Uni est dépendant de notre énergie et de nos avantages d'exportation", a-t-il cité. Le Royaume-Uni pense qu'il peut vivre tout seul et en plus taper sur l'Europe. Et comme ça ne marche pas, il fait de la surenchère dans l'agressivité et on ne se laissera pas faire", a-t-il insisté. Le Brexit est le populisme en action et on a la démonstration que c'est un échec dramatique".