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La ministre de la Santé reçoit lundi après-midi les représentants des personnels hospitaliers pour annoncer des mesures censées mettre fin à la crise des urgences. Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France, prévient que les attentes sont immenses.
INTERVIEW

Agnès Buzyn joue gros lundi après-midi. La ministre de la Santé reçoit des représentants des personnels et dirigeants hospitaliers, ainsi que les syndicats de médecins libéraux et le collectif Inter-Urgences, alors que 249 services d’urgences sont en grève en France. Agnès Buzyn doit annoncer une série de mesures censées mettre fin à la grogne. Ouverture de lit au cas par cas, suppression du paiement à l’acte et numéro unique d’urgence, telles sont les trois pistes sur la table.

Pas sûr que cela réponde aux attentes, immenses. "On attend beaucoup de choses. Parce qu’il y a un ras-le-bol qui est très profond de la part de la profession", confirme à Europe 1 Patrick Pelloux,  président de l'Association des médecins urgentistes de France. "On attend qu’on reconnaisse notre difficulté à remplir les missions de service public pour lesquels on travaille à l’hôpital. Qu’elle reconnaisse que, vraiment, on travaille dans des difficultés chroniques", insiste le médecin. "Et puis, en plus de ça, je pense que nous sommes arrivés au bout d’une logique, du système de santé, qui ne fonctionne plus en fait. Il faut inviter quelque chose de nouveau."

"La fin du paiement à l’acte, je suis d’accord, mais pour tout le monde"

Surtout, Patrick Pelloux se montre prudent par rapport aux annonces entendues. "Réouvir des lits au cas par cas, qu’est-ce que ça veut dire, quelle va être la méthode, comment ça va se décider ?", s’interroge-t-il. "Je vois bien arriver le truc de nous dire ‘on va réouvrir des lits au cas pas cas, et puis au cas par cas, ça ne rentrera pas dans les clous’ et on ne pourra pas envisager des réouvertures de lits."

Quant au paiement à l’acte, il doit être l’occasion d’un grand changement, plaide Patrick Pelloux. "La tarification à l’activité, qui consiste à rémunérer les hôpitaux en fonction de leur activité, était un système inflationniste : plus on travaillait, plus on allait avoir de l’argent", rappelle l’urgentiste. "La fin du paiement à l’acte, je suis d’accord, mais pour tout le monde.  Il faut que ça soit un véritable big bang dans l’organisation du système de santé."

Les personnels " ne peuvent pas vivre avec des salaries qui sont à 1.200-1.400 euros"

Enfin, parmi les mesures attendues, la mise en place d’un numéro unique sera accueillie favorablement. "C’est quelque chose qu’on demande depuis des années, qu’il y ait enfin un numéro unique entre les Samu et les pompiers. Pour que ce soit plus simple pour les gens", rappelle Patrick Pelloux, qui pose tout de même une condition : "si c’est réinventer une énième numéro pour la santé, là c’est pas possible", soupire-t-il.  

Mais c’est sur les rémunérations des personnels soignants que les discussions risquent de se tendre. "Ils ne peuvent pas vivre avec des salaries qui sont à 1.200-1.400. C’est très compliqué par rapport à la tâche qu’ils ont, aux missions qu’ils ont. Il faut augmenter les salaires", appelle Patrick Pelloux.  "Il faut rendre attractifs ces métiers. A l’AP-HP, il manque des centaines d’infirmières et d’infirmiers. On ne mesure pas que ces personnels, vraiment la vie est difficile pour eux."