Nouvelle-Calédonie : "maintenant, la question du 'jour d'après' se pose", estime George Pau-Langevin

Pour l'ancienne ministre des Outre-mer George Pau-Langevin, le résultat du référendum était "prévisible".
Pour l'ancienne ministre des Outre-mer George Pau-Langevin, le résultat du référendum était "prévisible". © AFP
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Ophélie Gobinet , modifié à
L'ancienne ministre des Outre-mer a estimé dimanche au micro d'Europe 1 que le résultat du référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie était prévisible. 
INTERVIEW

Cette fois c'est non. Dimanche, la Nouvelle-Calédonie a voté contre à 56,4% au référendum sur son indépendance. La conclusion d'un long processus après des années d'affrontements meurtriers après le massacre de la grotte d'Ouvéa en 1988, la poignée de main historique entre Jacques Lafleur et l'indépendantiste Jean-Marie Tjibaou qui a scellé les accords de Matignon la même année, ou l'accord de Nouméa, en 1998. Trente ans pour en arriver à ce référendum pacifique et pacifié. 

Au micro d'Europe 1, l'ancienne ministre des Outre-mer (2014-2016) et députée (PS) de Paris, George Pau-Langevin a estimé que ce résultat était "prévisible". "Les Kanaks qui souhaitent l'indépendance de leur île sont minoritaires et représentent environ 40% de la population", précise celle qui a travaillé sur la Nouvelle-Calédonie en tant que militante il y a plusieurs années. "Le résultat est plus serré que ce qu'on aurait pu penser", ajoute-t-elle, rappelant que le "oui" à l'indépendance a obtenu 43,6% des voix. 

"Le référendum n'est pas un couperet". "Même si 80 % des gens sont allés voter, les problèmes demeurent", nuance-t-elle. "Le 'non' l'a emporté mais reste maintenant la question du 'jour d'après'. Une fois qu'on a compris que tout le monde vit sur ce territoire et que personne ne va partir, comment on fait pour vivre ensemble ?", interroge George Pau-Langevin. "Le référendum d'aujourd'hui n'est pas un couperet, il était prévu que si le 'non' l'emportait, il y allait y avoir une deuxième consultation deux ans après, et ainsi de suite". "C'est l'aboutissement d'un processus évolutif particulièrement subtil", estime George Pau-Langevin. 

"Personne n'a envie que la France s'en aille totalement". "Ce qui a été important dans les accords de Nouméa a été de rendre justice à ces différentes victimes de l'histoire et dire que chacune avait une légitimité. Et dire aussi que dorénavant la solution en Nouvelle-Calédonie passait par le respect des souffrances des uns et des autres", explique-t-elle avant d'ajouter qu'il "faudra continuer cet effort de dialogue qui est en cours depuis 20 ans pour respecter les points de vues de tout le monde. Et faire en sorte qu'on trouve un modus vivendi tous ensemble". "Je crois que les indépendantistes ont conscience du rôle de modérateur que joue la France entre les forces en présence. Et je crois que personne, au fond, n'a envie qu'elle s'en aille totalement".